La situation explosive en Syrie et en Irak représente un sérieux casse-tête pour les médias : sécurité des journalistes, vidéos de décapitations, propagande... Dans ce contexte, l'AFP a cru bon clarifier certains des principes qui guident sa couverture journalistique.

D'abord, l'agence basée à Paris, mais présente dans 150 pays à travers le monde, a décidé de ne plus utiliser le terme «État islamique» pour désigner l'organisation armée djihadiste. C'est ce que vient d'annoncer la directrice de l'information, Michelle Léridon, première femme à occuper ce poste dans l'histoire de l'agence. 

«Nous avons décidé de ne plus employer telle quelle l'expression "État islamique". Désormais, nous utiliserons l'expression "l'organisation État islamique" ou "le groupe État islamique".»

- Michelle Léridon, directrice de l'information à l'AFP, sur le blogue de l'agence

L'AFP emboîte ainsi le pas au ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, qui annonçait sur les ondes de France Inter lundi son refus d'employer seul le terme « État ».

L'AFP utilisera également l'expression « djihadistes de l'EI » en titre de dépêches ou dans les alertes. De passage à Montréal jeudi dernier à l'invitation du CÉRIUM de l'Université de Montréal, Emmanuel Hoog, PDG de l'AFP, explique que son agence, présente au Moyen-Orient, est très attentive et sensible aux réactions de la population là-bas. Or le mot « État » ne passe tout simplement pas. « Ce n'est pas un État, il n'y a pas de frontières ni de reconnaissance internationale », rappelle M. Hoog en entrevue à La Presse. « C'est une organisation et il faut la nommer comme telle », insiste-t-il. Rappelons qu'une autre grande agence de presse, AP, a adopté la même ligne de conduite.

Trop dangereux pour les journalistes 

L'AFP va plus loin. Dans le même blogue, Michelle Léridon poursuit : «Nous avons ressenti le besoin de réitérer certaines règles éthiques et certains principes éditoriaux en ce qui a trait aux violences qui secouent la planète au cours des derniers mois.»

Ainsi l'AFP, qui a encore un bureau en Syrie, ne couvrira plus les zones contrôlées par les rebelles, devenues beaucoup trop dangereuses. Les journalistes y sont devenus une cible, une monnaie d'échange.

«Nous avions déjà amorcé cette réflexion sur la sécurité des journalistes lors de la crise de la dette en Grèce, alors que nos journalistes avaient été la cible des manifestants mécontents qui les associaient à des complices de la police», explique Emmanuel Hoog. 

«Dans le cas de la Syrie, nous avons pris la décision de ne plus accepter les productions de pigistes en provenance de ces régions afin de ne pas les mettre en situation précaire. Bref, nous n'accorderons pas de subvention au danger.»

- Emmanuel Hoog, PDG de l'AFP

L'AFP lancera prochainement un blogue consacré à la sécurité des journalistes dans les zones dangereuses. La directrice du service de l'information écrivait mardi que ce blogue serait un outil pour tous les journalistes, pas seulement ceux de l'AFP. On y indiquera les endroits chauds, les lieux où les reporters de l'AFP ont été arrêtés, menacés ou se sont sentis en danger.

Enfin, l'AFP, qui a refusé de diffuser les vidéos des décapitations, a également énoncé quelques règles sur l'utilisation d'images portant atteinte à la dignité des otages. « Parmi les images tirées des vidéos que nous diffusons, nous choisissons les moins dégradantes possibles », rappelle-t-on sur le blogue, ajoutant que lorsque c'est possible, on diffuse les images des otages avant leur captivité.

Votre mise à jour est prête

Plusieurs médias ont profité de la mise à jour du système d'exploitation iOS (version 8) pour lancer de nouvelles applications (c'est le cas de CBC News ou du supplément Cooking du New York Times offert sur iPad) ou pour moderniser leurs applications existantes. Au Wall Street Journal, par exemple, on pourra désormais passer de l'iPad à l'iPhone ou à un navigateur web pour continuer de lire les nouvelles. Au Guardian, on pourra personnaliser les alertes afin de recevoir les manchettes des sections qui nous intéressent. AP et ABC News aussi modernisent leurs applications afin de les rendre plus performantes.

Dans la nouvelle

Imaginez qu'au lieu d'écouter un reportage sur le plus récent bombardement en Syrie, vous marchiez dans les rues d'Alep et assistiez à l'explosion d'une bombe en direct. C'est ce qu'on appelle le journalisme immersif. La BBC présente un court reportage sur la professeure Nonny de la Peña, chercheuse à l'école de journalisme Annenberg de la University of Southern California, qui travaille sur des projets à la frontière du journalisme et du jeu vidéo. Une équipe se rend d'abord sur les lieux lorsque c'est possible, enregistre les sons et reconstitue les faits qui sont ensuite illustrés en 3D. Le genre de reportage qu'on regardera éventuellement avec les lunettes Google.