Stephen King n'atteint peut-être pas les sommets de sa popularité quand il explore les méandres tordus du processus créatif à la manière de Sac d'os ou d'Histoire de Lisey... mais il se fait diablement séduisant pour quiconque s'intéresse à la création.

Il en va exactement ainsi de Duma Key, un pavé de plus de 650 pages où l'on suit Edgar Freemantle, un bon gars qui gagne bien sa vie grâce à l'entreprise de construction qu'il a bâtie à partir de rien. Et soudain, le drame. L'accident. Il perd une partie de sa mobilité, un bras, sa personnalité. Et sa femme, qui ne supporte pas l'homme qu'il est devenu.

Sur les conseils d'un psychologue, il s'installe ailleurs. Sur une île au large de la Floride. À Duma Key. Dans une monstrueuse maison rose où, bientôt, il se met à peindre. Lui qui n'avait jamais tenu un pinceau. Des oeuvres fortes. Si fortes qu'elles influenceraient les gens et les choses.

À moins que ce ne soit une idée que se fait Edgar, qui a reçu un terrible coup sur la tête lors de l'accident. L'atmosphère de huis clos que parvient à créer ici le maître de l'horreur, la moiteur qui émane de chaque page, le mystère de plus en plus lourd qui entoure les personnages (plus colorés, dangereux ou émouvants les uns que les autres) et les lieux... tout cela est extrêmement réussi.

Terriblement humain. Et formidablement terrifiant.

Duma Key

Stephen King

Albin Michel, 656 pages, 34,95$

***1/2