Comment dit-on «serial killer» en breton? Aucune idée. C'était pourtant une tueuse en série compulsive, la belle Bretonne Hélène Jégado, alias Fleur de tonnerre, qui fut véritablement guillotinée en 1852.

Excellente cuisinière, mais fatale parce qu'elle aimait épicer d'arsenic ses petits plats, Hélène est obsédée dès l'âge de 8 ans par la mort, qui porte en Bretagne le nom d'Ankou, l'Ouvrier de la Mort. Mère, employeurs, amants, enfants, militaires, tous sont égaux devant le besoin de tuer de la psychopathe blonde!

La force de ce roman de Teulé, c'est pourtant que Fleur de tonnerre est en quelque sorte un prétexte (vraiment pas banal!) pour raconter la Bretagne de l'époque, qui répugne à tout ce qui s'appelle France, catholicisme et «civilisation moderne», modelée par des siècles de rituels macabres et magiques. Tout ça - la Bretagne, la vie quotidienne et les meurtres de Fleur de tonnerre - est écrit avec verve et quasi-sauvagerie, humour et amour de la Bretagne, érudition et moult clins d'oeil historiques.

Et en prime, les quelques scènes où Fleur de tonnerre donne son corps à quelques hommes sont singulièrement évocatrices! Plus une morale surprenante...

*** 1/2

Fleur de tonnerre, Jean Teulé, Julliard, 287 pages