Le Conseil des arts du Canada a annoncé hier les lauréats des prix littéraires du Gouverneur général. Le populaire Tenir tête (Lux) de la figure de proue de la grève étudiante de 2012, Gabriel Nadeau-Dubois, a été retenu par le jury dans la catégorie Essais.

Or, sur Facebook, le jeune militant a manifesté son étonnement de recevoir ce prix et a écrit ceci: «En tant que progressiste et qu'indépendantiste, je me suis posé beaucoup de questions sur ce que je devais faire avec ce prix et la bourse qui l'accompagne. J'ai décidé de les redonner à ceux et celles qui, ici et maintenant, défendent le bien commun au Québec. Je donnerai tous les détails de ma décision ce dimanche sur le plateau de l'émission Tout le monde en parle. D'ici là, je n'accorderai aucune entrevue.»

Les prix du GG sont dotés d'une bourse de 25 000$.

Gabriel Nadeau-Dubois va donc rejoindre les Hubert Aquin, Leonard Cohen, Fernand Ouellet, Roland Giguère et Michel Garneau qui ont, par le passé, refusé le prix ou remis leur bourse à une cause.

Ainsi, Fernand Dumont avait donné sa bourse au Parti québécois, tandis que le poète Gilbert Langevin avait remis la sienne à un comité de défense des prisonniers politiques, en 1978.

Plus récemment, en 2012, le chanteur Biz, des Loco Locass, avait retiré son roman La chute de Sparte de la liste des finalistes pour être «conséquent» avec ses opinions indépendantistes.

Satisfaction chez Lux

L'éditeur de Gabriel Nadeau-Dubois chez Lux, Mark Fortier, respecte la décision de son auteur, tout en étant heureux de l'honneur malgré tout.

«C'est son prix et c'est son choix de faire ce geste-là et de le présenter dans les médias de cette façon; ça ne concerne pas l'éditeur. Pour le reste, c'est un honneur dont nous sommes très contents. Nous avons beaucoup travaillé sur ce livre, et c'est un prix qui a beaucoup d'importance, parce que le jury est complètement libre. C'est ce qui donne de la valeur à ce prix.»

Dans le communiqué, le jury explique son choix ainsi: «Tenir tête de Gabriel Nadeau-Dubois nous fait entrer dans les coulisses du printemps 2012 pour nous faire entendre ce que le gouvernement n'a pas voulu écouter et ce que les médias n'ont pas toujours su relayer. Dans un style simple et direct, il soulève la question de l'avenir de la démocratie.»