Les activistes du mouvement Sauvons les livres ne seront probablement pas loin ce midi quand le ministre de la Culture, Maka Kotto, visitera le Salon du livre pour remettre le prix Wallonie-Bruxelles pour la jeunesse.

Depuis la conférence de presse pré-Salon, il y a 10 jours, Sauvons les livres organise des «actions» de sensibilisation médiatique, avec l'appui tacite du Salon, réclamant du gouvernement des mesures pour sauver le livre et l'édition québécois que l'on dit presque en voie de disparition.

Avant ces actions, les audiences de la Commission parlementaire sur le prix unique du livre, en août, ont montré qu'une quasi-unanimité régnait dans le milieu pour réclamer du gouvernement une loi sur le prix unique qui obligerait tous les commerces - librairies indépendantes comme grandes surfaces - à vendre les nouveautés au même prix pendant un certain temps. Cela, selon une certaine pensée «unique», sauverait les petites librairies, la littérature et, ultimement, la culture québécoise.

En privé, nombreux sont les observateurs officiellement pro-prix unique qui vous diront que si une librairie ferme à Québec ou à Victo, ce n'est pas obligatoirement parce que Costco vend au rabais des boîtes et des boîtes de best-sellers. Il y a d'autres raisons, structurelles, professionnelles, etc.

Reste que le Québec a besoin d'un réseau de librairies sain et que des mesures s'imposent pour leur venir en aide. Et vite. Pour sauver les meubles.

Devant cette situation et devant le fait que le gouvernement ne semble pas engagé vers le prix unique, deux observateurs/acteurs qui connaissent bien le milieu ont récemment soumis au ministre une liste de 12 «mesures simples et sans grande répercussion structurelle [qui] pourraient avoir des effets bénéfiques directs sur le maintien d'un réseau de librairies agréées et leur pérennité à terme».

Grand Angle a obtenu ce rapport non signé et intitulé Les 12 travaux de Maka Kotto dont les deux premiers éclatent de simplicité.

Un: assujettir les universités à la loi 51 qui oblige les établissements d'enseignement - sauf elles - à s'approvisionner en livres auprès de librairies agréées.

Les universités consacrent en moyenne 120$ par étudiant par année aux achats de livres. Le seul réseau de l'Université du Québec compte 95 000 étudiants, ce qui ferait autour de 11 millions et demi en revenus garantis répartis entre les librairies agréées de Chicoutimi, Trois-Rivières, Gatineau, Témiscaming et Rimouski. Une partance vers une trésorerie moins fragile...

Présentement, les universités cherchent le meilleur deal.

Deuxième recommandation simple: arrêter de considérer les dictionnaires, livres d'intérêt général s'il en est, comme des «manuels scolaires» que les libraires doivent vendre au rabais aux établissements d'enseignement.

Grosso modo, un Petit Robert coûte 44$ au libraire qui le vend 75$ au client ordinaire, mais seulement 62$ aux établissements d'enseignement. Perte de rentabilité: 13$ par exemplaire.

Facile à comprendre, facile à compter.

Majeure en cinéma

Apparence que le prochain patron de la Société de développement des entreprises culturelles sera... une patronne. Et que, comme François Macerola à qui elle succédera le 29 novembre, elle sera versée en cinéma.

À la SODEC, l'aide à la cinématographie québécoise - une trentaine de longs métrages par année - compte pour 35 millions des 65 millions que la société dispense en programmes d'aide au cinéma, à la musique, au livre et aux métiers d'art, sa «clientèle».

À une semaine du départ de François Macerola, dont le mandat n'a pas été renouvelé, la favorite à la succession semble être Monique Simard, directrice générale du Programme français de l'ONF depuis 2008.

L'ancienne syndicaliste et animatrice de télévision a exploité au début du siècle une société de production de films (Virage) avec Marcel Simard, son défunt mari. Auparavant, elle avait siégé à l'Assemblée nationale comme députée du Parti québécois.

Mais elle n'est pas seule aspirante. Rachel Laperrière, présentement sous-ministre de la Culture, n'a pas de background cinéma, mais, par deux fois, elle a occupé le poste de directrice générale par intérim de la Ville de Montréal. Sous les bravos.

Mme Laperrière faisait partie du Groupe de travail sur les enjeux du cinéma dont M. Macerola a remis le rapport au ministre Kotto la semaine dernière, mais elle n'a pas signé ledit rapport... Ce qui prête à maintes interprétations.

L'autre nom de la courte liste est Doris Girard, l'ancienne PDG de Télé-Québec et sous-ministre de la Culture, qui a été nommée à la présidence du conseil de la même SODEC le printemps dernier.

À l'instar de Monique Simard, Mme Girard a été productrice de films et elle a dirigé le Programme français de l'ONF.

Recherchée: femme de tête pour grand écran.

Portez à l'agenda

Jazz - «Soirée de solidarité musicale», mercredi, au profit de l'Off Festival, avec les duos Derome&Epps et Bourbonnais&Léveillé, le Parc X Trio, l'Adrian Vedady Quartet, le Fed Pauzé 4 et le Kevin Warren East West Project; 20h à la Sala Rossa.

Terrasse - Pour l'hiver, le Labo culinaire de la Société des arts technologiques (SAT), haut lieu techno du Quartier des spectacles, s'installe dans une yourte où l'on servira poissons fumés et viandes séchées, avec grog, whisky et vin chaud. Grog OU whisky OU vin chaud serait plus prudent... À compter de jeudi.