On peut difficilement s'enrichir sans épargner. Et pour épargner, il faut un plan. Winston Churchill et Benjamin Franklin l'ont chacun dit à leur façon : échouer à planifier, c'est planifier d'échouer. Comment, alors, élabore-t-on un plan d'épargne gagnant

POURQUOI FAIRE UN PLAN ?

En 2005, Monique St-Hilaire quitte son poste de cadre dans une multinationale, à 60 ans. C'est la retraite. Mais son couple est en difficulté, et le divorce s'ensuit après 42 ans de mariage. Les avoirs sont divisés.

« J'avais des REER, on avait une maison, dit-elle. Si j'avais laissé aller mes finances, je croulerais sous les dettes. »

Malgré tout, elle vit maintenant dans un joli condo de sept pièces à Granby et prévoit voyager en Espagne.

Le plan financier a, selon elle, été un ingrédient important de cette réussite.

Pourquoi planifier ?

Pour atteindre ses objectifs.

POUR QUOI FAIRE UN PLAN ?

Pour suivre son plan d'épargne, ça aide de savoir pour quoi on économise : pour un voyage, une maison, une retraite à 55 ans en Équateur ?

Il faut donc d'abord se donner des objectifs. Ça génère et canalise la motivation.

« Économiser, c'est excitant. Chaque fois que j'épargne, je choisis de faire ce qui me tente, quand ça me tente », dit Sophie Sylvain, planificatrice financière chez Desjardins.

« Ce qui est contraignant, ce n'est pas d'épargner. C'est de réaliser qu'on ne peut pas faire ce qu'on veut parce qu'il nous manque d'argent. »

FAIRE LE POINT

Avant de rédiger le plan, il faut savoir combien on gagne et combien on dépense pour évaluer notre capacité d'épargne.

Pour cela, rien de mieux qu'une grille budgétaire. Le web regorge d'outils du genre. Question Retraite en a un, La Presse aussi. Beaucoup d'institutions financières en ont un intégré au compte bancaire en ligne.

« Quand on soustrait les dépenses aux revenus, on voit ce qui est disponible pour l'épargne. Souvent, il n'en reste pas ou on s'endette », dit Jocelyne Houle-LeSarge, présidente de Question Retraite.

Il faut alors régler d'abord les dettes de cartes de crédit.

(RE)PRENDRE LE CONTRÔLE

Une fois qu'on a un portrait de notre situation, on peut la corriger ou l'optimiser pour faire plus avec moins.

« Récemment, j'ai décidé de magasiner les assurances, raconte Jocelyne Houle-LeSarge. Ça faisait 20 ans que j'étais avec le même assureur. J'ai économisé 1400 $ pour cette année. C'est assez pour faire un voyage, et en plus, c'est récurrent. »

Autre exemple : l'électricité coûte cher ?

Peut-être faut-il alors revoir ses habitudes.

« Plutôt que de laisser le thermostat à 25 degrés, je pourrais le baisser durant la nuit. Je dormirai mieux et je vais épargner. »

PASSER À L'ACTION

On peut maintenant écrire nos objectifs et méthodes d'épargne dans le plan, puis le mettre en oeuvre.

S'il reste 100 $ toutes les deux semaines, par exemple, on peut les verser dans un REER ou un CELI et demander à notre institution financière de transférer automatiquement la somme de notre compte chaque jour de paie.

« Ça nous discipline, ça gère nos émotions, dit Sophie Sylvain, de Desjardins. En épargnant périodiquement et systématiquement, on évite de se questionner sans cesse pour savoir si on investit au bon moment. À long terme, c'est payant. »

LE MEILLEUR MOMENT, C'EST MAINTENANT

Qu'on soit jeune ou un peu moins jeune, la façon de rédiger le plan demeure similaire.

Dans les deux cas, il faut toutefois éviter de procrastiner. Car si on approche de la retraite, on a peu de temps pour corriger le tir, alors que si on est jeune, on a l'occasion de faire de l'argent avec notre argent.

« Il faut vivre notre vingtaine et notre quarantaine, dit Jocelyne Houle-LeSarge. Mais il faut aussi se prendre en main. C'est plaisant de se coucher le soir en se disant qu'on ne doit rien à personne. »

RÉVISION ANNUELLE

Quand le plan est rédigé, il ne reste qu'à le suivre.

Si des soubresauts surviennent dans les marchés, il faut donc éviter d'agir impulsivement et de retirer son épargne sur l'émotion.

Pour s'assurer de demeurer sur la bonne trajectoire, il faut aussi réviser le plan annuellement. C'est un important facteur de succès.

On se pose alors des questions. Y a-t-il des réajustements à faire ? A-t-on épargné ce qu'on avait prévu ? Quels rendements a-t-on réalisés ?

« On s'aperçoit qu'on n'est plus à la case départ, dit Sophie Sylvain. Voir nos progrès, c'est motivant, c'est stimulant. »