Pour faire fructifier ses REER, on utilise des véhicules de placement, tels les actions, les obligations, les fonds communs, les fonds négociés en Bourse, etc. Leurs performances sont généralement intimement liées à l'évolution de l'économie mondiale. Mais celle-ci a faibli en 2015. Qu'en sera-t-il cette année ?

L'ORDRE DE GRANDEUR

Lorsque le chiffre du quatrième trimestre sera connu, l'économie mondiale montrera une croissance d'environ 3 %, prévoient les experts. Peut-être un peu moins (2,9 %), selon la Banque mondiale, peut-être un peu plus (3,1 %), selon les économistes de Desjardins. Pour 2016, la plupart des économistes prévoient un taux de croissance légèrement supérieur, soit entre 3 % et 3,4 %. La zone entre 2,75 % et 3,75 % représente une croissance économique mondiale modérée, explique François Dupuis, économiste en chef chez Desjardins. « En dessous de 2,75 %, c'est la récession », dit-il.

L'HUMEUR

Les prévisions de janvier quant à la croissance économique sont souvent révisées au cours de l'année en fonction de changements de conjoncture. L'année 2016 ne devrait pas faire exception. Mais au point de départ, l'humeur n'est pas à l'optimisme, explique François Dupuis. « Tout ce qui se produit actuellement se transforme en nouvelles négatives », dit-il. La zone satisfaisante quant à la croissance économique mondiale se situe entre 3,75 % et 4,75 %, selon lui. À 4,75 % et plus, l'économie est en surchauffe. Mais nous n'en sommes pas là, souligne l'économiste de Desjardins. « Le cycle est actuellement plus négatif », dit-il.

SOURCE D'OPTIMISME

Que faudrait-il alors pour que l'économie mondiale atteigne la zone de croissance satisfaisante ? « Cela dépendra des États-Unis d'abord, et des autres pays développés », répond François Bourdon, chef des solutions de placement chez Fiera Capital. Et les perspectives de ce côté permettent d'espérer une croissance économique mondiale de 4 % à 4,5 %, selon celui qui admet être plus optimiste que la majorité. Les consommateurs américains sont la raison principale de cet optimisme. L'activité des consommateurs permettra à la croissance économique américaine d'atteindre de 3,5 % à 4 % en 2016, selon lui. Et cette activité sera le moteur de la croissance mondiale.

LA PATIENCE

Ce sera difficile au début, mais les choses iront mieux dans la deuxième moitié de l'année, prévoit Viet Buu, président de CTI Capital, à Montréal. La hausse des taux d'intérêt décrétée par la Réserve fédérale américaine (Fed) a causé beaucoup d'incertitude quant aux perspectives. « Il faudra un certain temps pour intégrer des taux plus hauts dans l'environnement économique », dit-il. Mais lorsque ce sera chose faite, et que la Fed aura réussi à écarter la hantise que la hausse des taux sera néfaste, les marchés boursiers américains se ressaisiront et réaliseront des rendements de 8 % à 10 % pour l'ensemble de l'année, estime M. Buu.

LES PAYS ÉMERGENTS

Les pays émergents, la Chine en tête, ont été longtemps des moteurs importants de la croissance économique mondiale. Mais ce n'est plus le cas. « La Chine n'est plus au rendez-vous », souligne Viet Buu. Elle nous avait habitués à une croissance économique de 10 % et plus, mais nous prévoyons aujourd'hui que ce taux sera au mieux de 6,5 % en 2016. Les pays émergents étaient l'endroit où les investisseurs devaient être durant les années 2000 à 2010, mais ce n'est plus le cas, croit également François Bourdon. Et ce sera de même pour encore quelques années, selon lui.

LES PROFITS

La fragilité de l'économie s'est reflétée par une baisse des profits des grandes sociétés américaines en 2015. Cela ne s'était pas produit depuis la Grande Récession qui avait suivi la crise financière de 2008. « Si les Bourses sont sous pression actuellement, c'est que les marges de profit diminuent », explique Viet Buu. Cela risque de constituer un facteur important d'insécurité sur les places boursières durant la première moitié de l'année. De meilleurs profits à compter de l'été pourraient être le tournant cette année.

L'ÉCONOMIE CANADIENNE

Plus près de nous, que peut-on attendre de l'économie canadienne ? Après une certaine embellie à l'été 2015, la croissance s'annonce décevante pour le quatrième trimestre alors que la faiblesse du prix du pétrole s'est intensifiée, constate François Dupuis. Mais il y a de l'espoir. « Les perspectives de croissance sont plus favorables pour 2016 et 2017 alors que les effets négatifs associés à la baisse des prix de l'énergie s'estomperont graduellement et que les investissements du gouvernement fédéral en infrastructures augmenteront », dit-il.