Faire travailler son argent. Voilà l'objectif que l'on vise en investissant et en cotisant à son REER. Mais pour aller chercher un bon rendement tout en évitant de perdre sommeil, il faut éviter les erreurs coûteuses et faire des choix qui tireront le maximum de ses placements.

Tout commence par sa tolérance au risque, qu'il faut connaître et réviser. Socrate n'était pas un conseiller en placements, mais son «connais-toi toi-même» est néanmoins un judicieux conseil pour les investisseurs de tous les niveaux d'expérience.

Cette étape est importante puisqu'elle a un impact sur les rendements que l'on peut espérer obtenir. Et aussi peut-être sur sa qualité de vie.

«Si les gens perdent leur capacité à être heureux à cause de leur portefeuille, c'est qu'ils ont trop de placements risqués», estime Charles E. Martin, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Gestion de patrimoine TD.

Plusieurs investisseurs désirent obtenir de bons rendements à tout prix. Ils affirment, en conséquence, être capables de tolérer des variations de leur capital, positives, mais aussi négatives, allant jusqu'à 15%... jusqu'à ce qu'ils voient leur état de compte. Ils réalisent alors qu'ils étaient peut-être plus à l'aise avec une variation négative maximale de 5%.

Pour établir sa tolérance, il faut donc penser en termes de dollars plutôt qu'en proportion, conseille Denis L'Hostie, directeur principal de la planification financière à la Banque Laurentienne. «Si vous avez 100 000$ en placements, êtes-vous à l'aise si, à un moment donné, ça tombe à 95 000$? À 90 000$? À 85 000$?», illustre-t-il.

La stratégie doit évoluer

Il est aussi très important de bien définir son horizon de placement, c'est-à-dire la durée pendant laquelle on prévoit détenir un placement. Une bonne réflexion à ce sujet permet de maximiser les profits générés par ses investissements en choisissant une bonne répartition pour ses économies entre les titres plus risqués, comme les actions, et ceux moins risqués, comme les obligations, en fonction de son âge.

Une erreur commune dans ce domaine, note Charles E. Martin, est de croire qu'à la première année de la retraite, on a atteint son horizon de placement.

«Si on a 60 ans et que l'on prévoit prendre sa retraite à 65 ans, son horizon n'est pas 5 ans. Il pourrait être de 25, voire 30 ans. C'est aussi toute la retraite», explique-t-il.

Il importe donc généralement de conserver une certaine quantité d'actions dans son portefeuille, même lorsqu'on est à la retraite, estime M. Martin. Cela permet de combattre l'inflation et de maintenir un certain rendement.

La tolérance au risque et l'horizon de placement peuvent toutefois être appelés à évoluer avec l'âge ainsi que plusieurs autres facteurs. Comme cela pourrait avoir un impact sur les rendements potentiels, il est important de revoir fréquemment son profil d'investisseur.

Denis L'Hostie recommande de faire une révision par année, tout en étant épaulé d'un spécialiste. Celui-ci peut aussi nous aider à aiguiller nos choix en termes d'épargne.

C'est normalement rentable. «Différents sondages indiquent que les gens qui consultent un conseiller ou un planificateur, peu importe leur niveau de revenu, s'enrichissent davantage que ceux qui investissent par eux-mêmes», relate M. L'Hostie.

C'est que bien des gens cèdent à la peur quand ça va mal ou se montrent trop gourmands quand ça va bien. Charles E. Martin estime aussi que la plupart des investisseurs ont avantage à consulter un spécialiste. Il ajoute cependant qu'il peut être avantageux, pour ceux qui s'y connaissent très bien en finance, d'investir de façon autonome en ayant recours au courtage à escompte, puisqu'il y a souvent moins de frais.

Éviter les pièges

Une des meilleures façons de faire fructifier son actif est simplement d'éviter certains pièges relativement communs qui amputent le rendement de ses investissements ou mènent carrément à la catastrophe dans d'autres cas.

Les modes, comme l'immobilier et les titres technos, en sont un bon exemple. De nombreuses personnes ont perdu des fortunes après avoir investi la majorité de leurs économies dans des titres comme ceux de Nortel, qui ont ensuite plongé sans jamais remonter.

Ce qui ne veut pas dire qu'il faut fuir les tendances comme la peste. Il faut toutefois garder la tête froide et continuer de diversifier ses placements. De toute façon, «quand on en entend parler, il est souvent trop tard» pour en profiter, remarque Denis L'Hostie.

Un autre piège est de céder à son anxiété. Personne n'aime voir la valeur de ses placements chuter. Mais sur plusieurs années, le marché a le temps de remonter. Il faut donc éviter de retirer ses investissements sous le coup de la panique. On pourrait manquer le bateau.

«Entre 1991 et 2012, la personne qui aurait manqué la meilleure semaine sur le S&P/TSX aurait eu un rendement inférieur de 0,5% par année durant cette période», indique Denis L'Hostie.

Photo archives La Presse

Denis L'Hostie, directeur principal, planification financière, à la Banque Laurentienne.