Des programmes universitaires naissent, se transforment et s'éteignent. Dans ce cycle de vie, aucun détail n'est laissé au hasard.

La gestation d'un nouveau programme universitaire peut facilement s'étirer sur deux ou trois ans. En général, l'idée à l'origine de sa création vient de professeurs qui constatent certains besoins. Dans certains cas plus rares, le programme peut aussi être créé en réponse à une demande du milieu. « À un moment donné, par exemple, nous avons créé un DESS en gestion des risques majeurs après avoir été sollicités par le ministère de la Sécurité publique », illustre Francine Rheault, agente de recherche et de planification au service de soutien académique de l'UQAM.

Les promoteurs (les professeurs responsables de proposer le programme) doivent rédiger un projet pour en démontrer les pertinences scientifique, socioéconomique, systémique et institutionnelle.

Un programme universitaire doit franchir plusieurs étapes avant d'être proposé aux étudiants. Photo Université de Montréal

RÉPONDRE À UN BESOIN

« Le programme doit répondre à un besoin de connaissances et à des besoins du milieu, présenter des spécificités par rapport à ce qui existe déjà et s'inscrire dans les plans de développement et de recherche de l'établissement.», dit Francine Rheault.

Le processus peut varier légèrement d'une université à l'autre. En général, le projet est ensuite adopté par le département et la faculté concernés. Après, il est soumis à la commission des études réunissant des intervenants de toutes les facultés. Tout au long du processus, le projet peut être modifié et bonifié.

Prochaine étape : le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI). « Il va regarder le programme puis mandater deux ou trois experts d'autres universités, explique Louise Béliveau, vice-rectrice aux affaires étudiantes et aux études à l'Université de Montréal. Ils vont l'étudier puis venir rencontrer les promoteurs et l'administration universitaire. »

C'est le BCI qui recommande ensuite le programme à la commission des programmes universitaires du ministère de l'Éducation. Après l'avoir étudié, elle le recommande au ministre. Après l'approbation du ministre, il ne reste plus qu'à faire la promotion du programme pour le faire connaître et attirer des étudiants !

Cette procédure s'applique à tous les programmes de baccalauréat, de maîtrise et de doctorat. « Pour les autres programmes crédités, ça arrête au niveau de la commission des études de l'université, précise Mme Béliveau. Pour les formations non créditées, ça s'arrête souvent dans les départements et les facultés. »

RÉVISER UN PROGRAMME

Une fois qu'un programme est né, l'université continue de suivre son développement afin de s'assurer qu'il conserve toute sa pertinence. À l'Université de Montréal, les programmes sont soumis à une évaluation en profondeur tous les huit ans, au minimum. Du côté de l'UQAM, c'est tous les 10 ans. Le processus est semblable à celui pour l'acceptation d'un nouveau programme, sauf qu'il ne se rend pas dans les instances hors de l'université. Les modifications sont néanmoins communiquées au ministère de l'Éducation pour l'en informer.

« On peut modifier le programme sans attendre d'arriver à l'échéance. Les nouveautés arrivent tellement vite, on peut se rendre compte en cours de route qu'il faut absolument inclure un ou plusieurs nouveaux cours, imposer un stage aux étudiants, modifier le projet de recherche, changer les conditions d'admission, etc », explique Francine Rheault, de l'UQÀM.

LA MORT D'UN PROGRAMME

Parfois, le processus d'évaluation du programme peut mener à son abolition si on se rend compte qu'il ne répond plus aux besoins, par exemple. « Parfois, il n'y a simplement plus d'étudiants qui s'inscrivent, alors le programme est suspendu », indique Mme Béliveau.