Les dirigeants de la biotech montréalaise Milestone Pharmaceutiques vont savoir au milieu de 2016 si leur stratégie porte ses fruits.

Dans environ six mois, une étude en cours sur l'humain donnera une idée de l'efficacité de leur produit phare, le MSP 2017. Cette molécule vise à contrôler les épisodes de tachycardie supraventriculaire paroxystique (TSP), une maladie potentiellement débilitante.

Quand une crise survient, le rythme cardiaque s'emballe sans cause apparente. Cela peut s'accompagner de douleurs thoraciques, d'angoisse, d'une sensation de malaise. Pour certaines personnes qui subissent des crises très fréquemment, la maladie nuit à la vie normale.

Actuellement, les malades souffrant de TSP doivent, au moment d'une crise importante, se précipiter aux urgences. L'approche de Milestone est de fournir au patient un puissant antagoniste des canaux calciques qu'il pourra s'administrer lui-même au moment de la crise.

PAS COMME LES AUTRES

Dès le moment où ils ont fondé Milestone Pharmaceutiques, ses dirigeants ont cherché à minimiser les risques d'échec, quitte à naviguer parfois à contre-courant.

« C'est vrai qu'on n'a pas fait les choses comme tout le monde. Dès le début, en 2003, nous avons fait exactement le contraire de ce qui se passe normalement à la fondation d'une biotech. »

- Philippe Douville, cofondateur, président et chef de la direction de Milestone

Le processus normal commence par une découverte scientifique concernant une maladie. On trouve une molécule jusque-là inconnue qui joue un rôle dans le déclenchement d'une maladie. Afin de mettre au point un médicament qui prend cette molécule comme cible, on fonde une biotech dont les chimistes essaient de trouver le composé capable d'inhiber la nouvelle molécule qui cause la maladie.

« On n'a pas fait ça du tout, se souvient Yves Rosconi, membre du conseil d'administration de Milestone. On s'est plutôt mis à la recherche d'une maladie dont le traitement était imparfait. On cherchait à combler un besoin réel dans le marché, avec une classe de médicaments bien documentés, dont l'efficacité est attestée. Mais on n'avait pas envie de lever des dizaines de millions de dollars pour échouer dix ans plus tard. D'où notre stratégie d'évitement du risque. »

Ses molécules thérapeutiques, Milestone les a achetées déjà développées par une pharma qui n'en voulait plus. « Ils estimaient que le marché était insuffisant pour eux, bien qu'ils disposaient de résultats précliniques très satisfaisants », raconte Yves Rosconi.

Milestone fera aussi des économies au moment de l'étude finale sur l'humain. « D'ordinaire, précise M. Douville, on fait cette étude sur des centaines, voire des milliers de malades, et elle nécessite l'hospitalisation de ces gens-là. D'où des frais énormes. Dans notre cas, pas d'hospitalisation, parce que les patients s'administreront la vaporisation chez eux et seront suivis à distance. »

ÉQUIPE DE VÉTÉRANS

L'originalité de l'approche de Milestone Pharmaceutiques vient du fait que ses dirigeants ont beaucoup d'expérience et savent que l'approche conventionnelle comporte des risques, qu'ils cherchaient à éviter. Philippe Douville a longtemps travaillé chez Galileo Genomics.

Yves Rosconi a, dans le passé, pris Thératechnologies à un moment crucial de son histoire et, faisant des choix draconiens, l'a conduite vers l'oasis des revenus et des profits. Il a recruté Francis Plat au poste de directeur médical. M. Plat avait été précédemment directeur médical chez Bristol Myers-Squibb, avant de passer chez Merck. Autre vétéran, le chef de la direction scientifique, Jeff Leighton, a travaillé chez Glaxo.