Les petites annonces se veulent alléchantes : plusieurs centaines de dollars offerts aux volontaires. Mais les effets secondaires ne sont pas tous prévisibles et la participation aux essais cliniques a ses limites.

«Un volontaire ne peut pas participer à plus de cinq ou six études par année. Il y a des critères réglementaires à respecter», explique Marc Lefebvre, vice-président affaires scientifiques chez Algorithme Pharma, la plus importante entreprise québécoise privée spécialisée en recherche pour l'industrie pharmaceutique.

Chaque année, la firme réalise quelque 200 études cliniques et accueille en ses installations environ 6000 participants.

«Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la majorité des gens ne participent qu'à une ou deux études et seulement 10% des sujets participeront à plus de deux études par année», ajoute-t-il.

Après les phases de recherche préclinique, tout nouveau médicament doit être testé sur l'homme. Près d'un millier d'essais cliniques de phase 1, sur sujets sains, sont en cours au Canada.

Les groupes d'étude portant sur les médicaments génériques (bioéquivalence) comptent environ une trentaine de volontaires. Plus à risques, les groupes de sujets chez qui on administre de nouveaux médicaments sont restreints à moins d'une dizaine de personnes.

«C'est très important de restreindre ces groupes pour des raisons de sécurité. On administre d'abord la dose la plus faible possible, on observe les réactions pour ensuite administrer progressivement des doses plus élevées», indique Mario Tanguay, vice-président affaires scientifiques et réglementaires chez PharmaNet.

Algorithme Pharma possède 230 lits à Montréal et PharmaNet compte 350 lits dans ses installations de Montréal et de Québec.

Risques et bénéfices

«Contrairement aux essais de phase 2 et 3, pour lesquels les patients obtiennent un bénéfice médical, le volontaire sain n'en tire pas de bénéfice direct », explique Mario Tanguay. Pour un séjour d'une durée de 24 à 48 heures, un volontaire aura donc droit à une compensation financière oscillant entre 800$ et 1200$.

Mais tout volontaire doit s'attendre à observer certains effets secondaires comme des nausées, maux de tête et étourdissements. D'autres sont moins prévisibles.

«Je travaille ici depuis 16 ans et nous n'avons jamais dû arrêter une étude en cours. De temps en temps on observe des effets majeurs tels que d'importantes chutes de tension. Mais nous n'avons eu qu'un seul cas de convulsion», souligne Marc Lefebvre d'Algorithme Pharma.

La création d'un nouveau médicament coûte en moyenne 1,5 milliard US, selon Alain Boisvert, vice-président accès au marché chez Bristol-Myers Squibb Canada. Un processus qui peut prendre de 10 à 12 ans avant sa mise en marché.

En 2010, BMS, entreprise vouée à la recherche et au développement de traitements pharmaceutiques, a investi 28,6 millions en recherche au Québec seulement, soit plus de la moitié de ses investissements totaux au Canada en étude pré-cliniques et cliniques.

«Le Québec offre d'excellents centres de recherche et des incitatifs fiscaux intéressants», soutient Alain Boisvert.

«Par contre, le grand défi de l'industrie pharmaceutique, c'est fournir l'accès aux médicaments à la population, ajoute-t-il. Le Canada est un des pays les plus restrictifs en matière d'accès au marché», selon lui. Plus de 50% des nouveaux médicaments ne seraient pas remboursés par les régimes publics d'assurance.