La Grande Dame de la rue Sherbrooke, dans le Golden Square Mile, est en train de renaître de ses cendres.

À l'instar d'autres propriétés Ritz-Carleton dans le monde, celle de Montréal, dont les travaux ne sont pas encore terminés, se compose à la fois d'un hôtel et de résidences privées. «Au début des années 1900, il n'était pas rare que des gens vivent à l'hôtel, rappelle Andrew Torriani, président-directeur général de l'établissement. La mode est en très de revenir avec des projets comme ceux de Shangri-La à Vancouver et Toronto. La différence entre aujourd'hui et le début du siècle dernier est que le bâtiment est conçu comme une résidence privée où les habitants peuvent accéder aux services de l'hôtel sans croiser les touristes de passage, qui, de leur côté, n'ont pas accès à la partie résidence privée.» La tendance au «mixed-use» ne s'est pas encore complètement emparée de Montréal, mais l'instinct d'Andrew Torriani lui dit qu'on assiste à retour des travailleurs dans le centre-ville de Montréal. «Moi-même je vis dans l'Ouest-De-L'Île et je dois faire une heure de voiture pour rentrer chez moi le soir, raconte-t-il. Au Ritz, en cinq minutes, on a accès aux restaurants, aux boutiques, aux musées.»

Comme dans un hôtel, les résidents pourront avoir accès au service de nettoyage à sec de linge, au concierge et même à la préparation du lit pour la nuit. Les condominiums seront desservis par une entrée distincte sur la rue Sherbrooke, menant à un hall d'accueil dédié. L'accès aux nouveaux condominiums sera assuré par des ascenseurs dédiés exclusivement aux résidents qui auront un accès privilégié aux divers services et installations de l'hôtel (service de restauration, spa, salle d'exercice, stationnement souterrain). La facture du projet, qui était de 110 et 120 millions $ à la base, a grimpé à 150 millions.

Pour redonner son lustre à l'Hôtel Ritz-Carleton, le Groupe Torriani a frappé deux grands coups. En avril 2011, on apprenait que Daniel Boulud, le célèbre chef new-yorkais d'origine française, ouvrirait la Maison Boulud au Ritz-Carleton, en janvier 2012. Puis, en juin, le Ritz-Carlton Montréal annonçait l'arrivée du célèbre joaillier Tiffany & Co. à l'hiver 2011.

Les travaux actuellement en cours prévoient l'aménagement de 130 chambres de grand luxe et la rénovation de l'ensemble des espaces publics existants; le réaménagement du jardin extérieur et l'agrandissement du restaurant intégrant un jardin d'hiver vitré offrant la possibilité d'utiliser le jardin du Ritz à longueur d'année; et l'ajout de 120 000 p2 afin d'intégrer 45 résidences de luxe, dont trois unités à deux étages au niveau du penthouse. D'une superficie de 43 000 m2, dont 12 500 m2 d'agrandissement, le projet devrait être complété en 2012.

Le mandat de réaménagement de l'Hôtel Ritz-Carleton a été confié au cabinet d'architecture Provencher Roy + Associés Architectes, une firme montréalaise dont ce n'est pas la première incursion dans des projets hybrides. «Nous devions trouver un équilibre entre un projet résidentiel et un hôtel à repositionner, confie Claude Provencher, le cofondateur de la firme. Dans un premier temps, nous avons revu le nombre de chambres en intégrant complètement la partie résidentielle.»

«On voit de plus en plus d'hôtels-condos dans les grandes métropoles nord-américaines, comme Chicago et New York, poursuit l'architecte. La formule est intéressante en ce qui a trait au financement. Cela permet de balancer le budget global, ce que qui plaît aux promoteurs. Cette tendance va changer le portrait de Montréal.» La firme avait également été responsable du projet de l'Hôtel Marriott, un ajout aux installations de l'aéroport international de Montréal Pierre-Elliott-Trudeau, en 2008, qui comprend à la fois un hôtel et les bureaux du siège social d'ADM.