Aéro Montréal veut convaincre les jeunes de s'intéresser aux métiers de l'aérospatiale avant qu'ils choisissent leur orientation. Pour cela, la grappe de l'industrie montréalaise sensibilise les élèves dès le primaire, explique Suzanne Benoît, la PDG d'Aéro Montréal.

Q Comment parvenez-vous à joindre la relève?

R Nous cherchons à multiplier les contacts entre les jeunes et l'industrie aérospatiale. Nous ne voulons pas nous contenter d'opérations ponctuelles. Après le programme Ça plane pour moi! au primaire, il faut continuer à sensibiliser les jeunes au secondaire. Si le jeune ne s'est pas intéressé aux mathématiques et aux sciences au primaire, il ne suivra pas les cours requis au secondaire. Il ne pourra plus aller chercher une carrière scientifique.

Q Quel est l'intérêt des filles pour le secteur de l'aérospatiale?

R Nous essayons de les rejoindre, car elles ont leur place dans l'industrie. Dans l'activité Ça plane pour moi! quand elles reçoivent le kit du planeur, elles s'attardent davantage à personnaliser leur avion que les garçons. Eux sont davantage attirés par la performance du planeur.

Q Quels sont les besoins en recrutement de l'industrie aérospatiale?

R Les départs à la retraite seront nombreux dans les cinq années à venir. Or, la force de l'aérospatiale québécoise, c'est sa main-d'oeuvre. Sur ce plan, les pays à bas coût créent une vive concurrence. Nous devons garder notre avantage concurrentiel en conservant une main-d'oeuvre très qualifiée.

Q Quelle évolution attendez-vous cette année?

R Rien qu'en 2012, nous créerons 3600 postes de toutes sortes, de machiniste à ingénieur. Nous savons que 737 postes seront créés cette année dans les métiers de la production. Nous aurons aussi besoin de 825 nouveaux scientifiques et 725 techniciens. Uniquement dans la région de Montréal!

Q La tendance que vous décrivez se maintiendra-t-elle au cours des prochaines années?

R Dès 2013, la cadence va augmenter pour atteindre un pic en 2016. L'industrie comptera alors 44 000 employés au Québec. Nous aurons alors rejoint le niveau de l'année 2008, qui est la référence d'avant la crise économique. À long terme, nous craignons de ne pas avoir suffisamment de jeunes qui répondront à l'appel.

Q Les qualifications requises pour travailler dans l'industrie évoluent-elles?

R Assurément. Par exemple, nous avons révisé la formation qui est nécessaire pour un ingénieur en aérospatiale. Cela n'inclut plus seulement des compétences techniques. Il nous faut des ingénieurs multidisciplinaires, très mobiles et capables d'aller de l'avant dans un contexte multiculturel. C'est d'un ingénieur d'affaires que les entreprises ont besoin. Nous communiquons ce genre d'informations aux maisons d'enseignement, qui peuvent ensuite former des ingénieurs en leur transmettant les habiletés requises.

Q Le métier de pilote fait-il toujours rêver?

R Nous allons en manquer! Aéro Montréal va renforcer son partenariat avec l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), dont le siège est à Montréal. Nous voulons inciter des jeunes venus de l'étranger à considérer une carrière au Québec. La collaboration avec l'OACI vient de débuter. Nous réfléchissons actuellement aux projets qui nous permettraient d'intéresser la relève d'autres pays.