C'est cette année que les conseils d'administration des sociétés d'État doivent arriver à la parité homme/femme en vertu de la loi adoptée en 2006 par le gouvernement du Québec. L'Association des femmes en finance du Québec (AFFQ) se réjouit des résultats, mais souhaite maintenant davantage.

«Il y a quelques mois, le gouvernement nous a affirmé qu'on avait atteint le 45%. Donc oui, ça fonctionne. En 2006, la proportion de femmes dans les conseils d'administration des sociétés d'État était de 31% au Québec», affirme Andrée Corriveau, présidente fondatrice de l'AFFQ.

«Cela veut donc dire que tous les gens qui donnaient comme excuse qu'il n'y avait pas de femmes assez compétentes pour siéger aux C.A. se trompaient, ajoute-t-elle. Il a suffi de les nommer!»

Lorsque le gouvernement Charest a adopté le projet de loi, et encore l'an dernier dans ces pages, Andrée Corriveau a dit qu'elle croyait que cette décision allait influencer les compagnies inscrites en Bourse et qu'il ne fallait pas légiférer pour les amener à prendre part au mouvement. Aujourd'hui, elle a changé d'idée.

«J'ai cru qu'elles allaient être influencées, mais je suis forcée de constater que les choses ne bougent pas suffisamment», dit Mme Corriveau.

Elle cite, entre autres, l'avis du Conseil du statut de la femme de septembre 2010 qui a estimé que chez les 100 plus grandes entreprises commerciales du Québec, seulement 15,8% des sièges dans les C.A. étaient occupés des femmes.

De plus, 28% de ces entreprises sont administrées exclusivement par des hommes.

Si une chose ne veut pas bouger, Andrée Corriveau croit qu'il faut prendre des mesures pour la faire bouger.

«C'est ce qu'a fait la Norvège qui a légiféré pour que les conseils des sociétés inscrites en Bourses aient au moins 40% de femmes, indique-t-elle. L'Espagne a exigé la parité. Sans nécessairement demander 50%, je crois qu'il faudrait exiger un certain niveau d'acceptabilité au Québec et au Canada.»

D'ailleurs, les efforts de la sénatrice Céline Hervieux-Payette pour faire adopter un projet de loi en ce sens au Canada n'ont pas encore porté leurs fruits.

Avec les femmes qui ont investi massivement les universités, ne serait-ce qu'une question de temps avant qu'elles prennent aussi leur place dans les conseils d'administration?

«Je crois que d'une certaine façon, ça ira de soi, mais que ça pourrait se faire très graduellement, indique Mme Corriveau. Et pendant ce temps-là, les femmes ne sont pas assez représentées. Elles ont le droit de l'être. Nous formons tout de même 53% de la population.»