Le nom de William B. Rosenberg vous est peut-être inconnu. Il a pourtant été élu président de la section du droit des affaires du Barreau américain, le mois dernier. Et c'est tout un exploit: c'est le premier avocat non américain à être nommé à ce poste.

Me Rosenberg travaille pour le cabinet Stikeman Elliott, bureau renommé pour la pratique du droit des affaires. «Après quelques années, j'ai développé un fort intérêt et une expertise pour les transactions transfrontalières», souligne-t-il.

L'avocat de 51 ans est un fidèle: il compte plus de 26 ans de pratique dans le même cabinet. Un fait rare de nos jours. «Les choses ont énormément changé, constate-t-il. La technologie a transformé la façon d'exercer le droit. Quand j'ai commencé, on envoyait les dossiers par la poste. Ça nous donnait le temps de respirer. Avec les courriels, on reçoit une réponse avant même de savoir quoi faire après. Il y a beaucoup plus de pression qu'avant au quotidien.»

Des transactions importantes

William B. Rosenberg a conseillé de nombreux clients au fil de sa carrière. Il travaille présentement sur la transaction impliquant Alstom et GE, qui devrait se conclure sous peu. Elle est évaluée à 17 milliards US. «C'est une transaction importante pour les deux parties, mais aussi pour notre cabinet, qui représente Alstom depuis mes débuts à la firme.»

L'avocat chevronné aime aller plus loin. «Quand on représente une entreprise étrangère qui fait une acquisition au Canada, on représente ensuite la compagnie qu'elle a achetée. On fait tout le travail qui vient avec: le litige, la fiscalité, les contrats commerciaux, etc. Pour moi, c'est un aspect très intéressant. On établit une relation privilégiée avec les clients», explique-t-il.

Celui-ci est particulièrement fier de sa participation dans la plus grande acquisition de Yara International. L'entreprise norvégienne a acquis une usine en Saskatchewan pour environ 1,6 milliard. «C'était un dossier complexe, avec de nombreux experts impliqués au Canada, mais la transaction a remporté le prix Foreign Inbound Acquisition cette année-là.»

L'amendement Rosenberg

Un mandat d'associé à l'American Bar Association (ABA) dure cinq ans. On passe du poste de secrétaire à celui de vice-président, à président élu, puis à président (le mandat actuel de Me Rosenberg). L'an prochain, il occupera le poste de président sortant.

Son ascension vers le poste de président de la section du droit des affaires aura été un travail de longue haleine. «En 2008, les leaders du groupe m'ont approché pour voir si je voulais devenir un associé. Les règles de l'ABA ne permettaient pas que je sois choisi, puisque je n'ai jamais passé l'examen du Barreau américain.»

Il aura fallu près deux ans de lobbying pour modifier les règlements. «Ça a pris des efforts considérables. C'est seulement en 2011 qu'ils ont réussi à amender le règlement en question. C'est très flatteur», admet l'avocat. L'amendement est devenu l'amendement Rosenberg, en son honneur.

Pourquoi l'ABA a-t-elle choisi William B. Rosenberg? «C'est une excellente question, répond-il en riant. Je suis membre de l'ABA depuis 1992. Dès le début, quelqu'un du cabinet m'a fortement conseillé de me distinguer des autres. Chaque fois que j'ai eu l'occasion de faire une présentation ou d'être membre d'une équipe The Business Lawyer, j'ai dit oui.»

Améliorer la pratique

«Comme président, je suis responsable de la performance du groupe affaires. On doit assister nos membres pour qu'ils servent leurs clients de façon compétente et éthique. On doit aussi améliorer et développer la pratique du droit des affaires aux États-Unis.»

Pour relever cet ambitieux mandat, William B. Rosenberg peut compter sur une équipe de 20 personnes qui oeuvrent à temps plein à Chicago. «On a des appels deux fois par semaine et des réunions toutes les six à huit semaines. Et il y a des questions chaque jour», précise celui qui aime heureusement être très occupé.

Mettre en place un plus grand réseau

L'avocat québécois croit que sa perspective internationale aura une incidence sur l'ABA. «Par tradition, le président choisit l'endroit où la réunion du printemps aura lieu. En 2016, pour la première fois de l'histoire, ce sera à Montréal. Pour la ville, c'est une occasion exceptionnelle. Deux mille avocats y participeront. On aura des conférenciers canadiens et on abordera des sujets qui nous touchent de part et d'autre de la frontière.»

William B. Rosenberg s'est d'ailleurs donné comme mandat de mettre en place un réseau global plus important. Il veut aussi attirer les conseillers juridiques à se joindre à l'ABA. «Pour cette année, mon plus grand défi sera de trouver le temps de faire tout ce que je veux faire! Ma pratique demeure ma priorité. Cependant, mon poste de président est spécial et je veux en profiter.»

EN CHIFFRES

400 000

Avec près de 400 000 membres, l'American Bar Association est la plus grande organisation professionnelle volontaire dans le monde.

53 000

La section du droit des affaires de l'ABA compte 53 000 membres. C'est la plus importante section de l'association.