Les portes de l'Europe et des États-Unis pourraient s'ouvrir dans les prochains mois pour Sogel, un fabricant d'enduits gélifiés (gel coats) de haute performance et de résines spécialisées utilisées dans la fabrication de produits en fibre de verre.

Cette PME de Longueuil négocie actuellement un important contrat d'approvisionnement avec un réputé équipementier européen. Cette entente à long terme non seulement lui permettrait de mettre le pied sur le Vieux Continent, mais aussi constituerait une prestigieuse carte de visite pour prendre d'assaut les marchés au sud de la frontière. Déjà, un agent manufacturier de Californie a été recruté pour développer les marchés du Mexique et du sud-ouest des États-Unis.

Ces efforts de développement international ne sont pas fortuits. Après s'être concentré sur le marché québécois depuis la création de son entreprise en l'an 2000, Claude Pilon, 62 ans, compte dorénavant mettre le pied au plancher pour faire grandir son entreprise avant de se retirer et de céder les commandes.

« C'est mon but pour les trois prochaines années. L'entreprise est solide actuellement. Mais je veux la léguer encore plus grande et plus solide », confie-t-il.

« M. GEL COAT »

Chimiste de formation, Claude Pilon s'est intéressé aux enduits gélifiés à la fin des années 80 alors qu'il travaillait pour Progress Plastiques à Drummondville, un fournisseur de Bombardier. Ce matériau à base de résine est utilisé pour la finition et la coloration de produits en fibre de verre, comme les spas, les boîtes de camionnette ou les coques de bateau.

« À l'époque, seuls les produits d'une compagnie américaine [Cook Composites & Polymers] respectaient les normes de Bombardier. Son distributeur au Canada le savait, et donc, il ne se gênait pas pour s'accorder une généreuse commission. Je me suis alors lancé le défi d'en fabriquer moi-même. »

Or, non seulement Claude Pilon a-t-il trouvé la recette, mais encore il a rapidement su proposer de nombreuses innovations. Si bien que Camoplast, un important sous-traitant de Bombardier, l'a recruté au milieu des années 90 dans le but de produire ses propres enduits gélifiés pour le moulage des coques de Sea-Doo. Mais l'entreprise de Sherbrooke a été vendue avant que le projet puisse voir le jour.

« Mais entre-temps, j'avais eu l'idée de créer ma propre compagnie. C'est ce que j'ai finalement fait grâce à un contrat ferme d'approvisionnement de cinq ans de Bombardier. En retour, je leur assurais la poursuite de la recherche et du développement. » - Claude Pilon, PDG et fondateur de Sogel

Sogel compte aujourd'hui 20 employés, un nombre que son dirigeant souhaite conserver malgré ses projets d'expansion. « Nous n'avons pas besoin de beaucoup de monde. Nous pouvons grandir de l'intérieur avec de plus gros mélangeurs, de plus grandes cuves et l'ajout d'heures de production », estime-t-il.

Dans cette dernière ligne droite avant la retraite, Claude Pilon doit conjuguer ses efforts d'expansion à la préparation de sa relève et au transfert technologique. « C'est un défi [de trouver les bonnes personnes] », reconnaît-il.

« L'université sait préparer des gens méthodiques et consciencieux, mais elle n'enseigne pas la créativité. Moi, j'ai eu la chance à mes débuts de ne jamais travailler avec d'autres chimistes. Personne n'était au-dessus de moi pour me limiter à ce qu'on me demandait. J'avais une feuille blanche devant moi. »

Encore lui fallait-il avoir l'audace de saisir l'occasion, lui fait-on remarquer. « J'avais la passion de développer de nouvelles choses », reconnaît-il.

Photo André Pichette, La Presse

Claude Pilon, PDG et fondateur de Sogel, négocie actuellement un important contrat d'approvisionnement avec un réputé équipementier européen.