La région de Chaudière-Appalaches et sa voisine, Québec, se disputent le titre du plus bas taux de chômage de la province. Une excellente nouvelle pour les chercheurs d'emploi, mais un défi pour les entreprises, qui doivent faire preuve de créativité pour attirer de nouveaux talents.

Chaudière-Appalaches

Population active : 228 200

Taux de chômage : 5,8 %

Revenu disponible par habitant : 25 218 $

Province de Québec

Population active : 4 444 700

Taux de chômage : 7,6 %

Revenu disponible par habitant : 26 046 $

ESPRIT ENTREPRENEURIAL

Michel Gendreau

Âge : 60 ans

Président de Garaga

Dans la région depuis toujours

Souvent décrite comme une pépinière d'entrepreneurs, la Beauce demeure fidèle à sa réputation. « On a eu de beaux exemples », indique M. Gendreau. Son propre père a d'ailleurs ouvert un centre de soins de longue durée dans les années 60, un concept innovateur à l'époque. L'homme d'affaires souligne également l'esprit de collaboration très présent parmi les entrepreneurs de la région. De plus, la proximité des États-Unis est un atout, selon lui, surtout avec le prolongement de l'autoroute 73. « Nous allons l'avoir cet automne, après 40 ans, se réjouit-il. Ça va nous aider. » Il déplore cependant le bilinguisme trop rare dans la région. Sans compter que le recrutement de personnel spécialisé est difficile. « Nous mettons de l'avant la qualité de vie qu'on retrouve ici, croit-il. On peut facilement aller dîner chez soi le midi, par exemple. On a plus de temps pour nous autres. »

PHOTO STEVE DESCHENES, ARCHIVES LE SOLEIL

Michel Gendreau, président de Garaga, sert à son tour d’exemple en tant qu’entrepreneur-entraîneur à l’École d’entrepreneurship de Beauce.

ENTRAIDE

Karine Laflamme

Âge : 40 ans

Profession : Directrice générale et des ventes chez Novicom

Dans la région depuis toujours

La synergie entre les intervenants est un atout important de la région, estime Mme Laflamme. « On a une mentalité un peu "village", on s'entraide, note-t-elle. Plusieurs regroupements sont créés pour attirer de la main-d'oeuvre, par exemple. » Le recrutement est d'ailleurs la principale difficulté des entreprises. L'immigration pourrait aider, mais elle pose des défis. « Il y a peu d'organismes dédiés à l'immigration, souligne Mme Laflamme. Les entreprises doivent donc mettre elles-mêmes des choses en place. Ici, il y a beaucoup de PME, elles n'ont pas les mêmes ressources que les grandes organisations pour le faire. » Elle souligne également que la région est rurale, mais que Lévis est un pôle de plus en plus urbain avec de nombreux commerces. « On a de moins en moins besoin de traverser le pont pour aller à Québec, assure Mme Laflamme. Ça contribue à la qualité de vie. »

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Karine Laflamme, directrice générale et des ventes chez Novicom, est également présidente de la chambre de commerce de Lévis.

FORCES

Adossée aux États-Unis, Chaudière-Appalaches est bien placée pour séduire le marché américain. « Plusieurs entreprises exportent, signale Roch Delagrave, directeur régional pour le ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation. Avec la dépréciation du dollar canadien, les ventes sont très bonnes pour elles. » Au « royaume de la PME », la diversité est aussi un atout. « Environ 20 % des emplois sont dans le secteur manufacturier contre 12 % dans la province, souligne M. Delagrave. On retrouve beaucoup d'emplois dans les secteurs des aliments, du bois, des produits métalliques et de la machinerie. Lorsqu'il y en a un qui connaît une période difficile, d'autres prennent le relais. Ça assure une certaine stabilité. » Enfin, il vante la qualité de vie dans la région. « C'est un endroit où il fait bon vivre, estime M. Delagrave. On a de grands espaces, et les maisons sont abordables. » Sans compter que les emplois sont nombreux !

DÉFIS

Comme partout au Québec, Chaudière-Appalaches voit sa population vieillir, mais aussi ses nombreux entrepreneurs. « Réussir les transferts d'entreprise et minimiser les acquisitions par des entreprises étrangères est un défi », estime Roch Delagrave, directeur régional pour le ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation. Surtout qu'elles sont de plus en plus attrayantes avec la chute du dollar canadien. Avec un taux de chômage très bas, le recrutement et la rétention des travailleurs causent également bien des soucis aux entreprises. « Certaines doivent parfois refuser des contrats, faute de main-d'oeuvre, se désole M. Delagrave. Plusieurs emplois de qualité intéressante sont offerts. » Plus elles sont éloignées des grandes villes, plus c'est problématique. M. Delagrave déplore aussi la faible présence d'établissements d'enseignement postsecondaire. Ceux-ci permettraient de garder des jeunes dans la région et même d'en attirer d'ailleurs. Actuellement, ceux qui partent ne reviennent pas nécessairement.