Le Quartier de l'innovation (QI), situé aux alentours de l'École de technologie supérieure (ETS), commence à se concrétiser et déjà des entreprises installées dans le secteur, particulièrement dans la Cité du Multimédia, rayonnent à l'international. Voici deux exemples d'entreprises qui ont le vent dans les voiles et un aperçu des projets à surveiller prochainement dans le QI.

Des simulateurs québécois se multiplient dans le monde

CM Labs Simulations a crû de 322% dans les 3 dernières années. Cette année, elle prévoit croître de 40%.

Lancés en 2013, ses simulateurs portuaires font rapidement leur place sur le marché international.

«Le simulateur permet de faire de la formation et d'améliorer la fluidité des opérations pour réaliser des gains appréciables, explique Sylvain Lagacé, vice-président, finances et opérations, de CM Labs Simulations. Si on décharge un conteneur de plus à l'heure, après une année, cela représente des économies de millions de dollars.»

CM Labs Simulations réalise 85% de ses revenus en exportant ses produits. «Il y a beaucoup de développement portuaire au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans les pays du BRIC [Brésil, Russie, Inde, Chine] pour répondre à la demande liée au développement industriel», indique Sylvain Lagacé.

L'entreprise a aussi connu une forte croissance ces dernières années en Asie-Pacifique avec des ventes à Singapour, en Indonésie, en Australie et en Nouvelle-Zélande, notamment dans le domaine portuaire.

CM Labs Simulations est active également dans les secteurs des opérations maritimes, des sous-marins et en haute mer, ainsi que dans le domaine des véhicules lourds en construction.

Pour croître cette année, elle mise beaucoup sur le domaine portuaire et sur la construction, un secteur très fort en ce moment en Amérique du Nord notamment.

«Dans les prochaines années, nous croyons aussi que nous aurons une belle croissance en Amérique du Sud, au Brésil notamment où l'on trouve de nombreuses opérations pétrolières au large des côtes, puis au Mexique où il y a beaucoup de construction», précise M. Lagacé.

L'entreprise a été créée en 2001. Dans les 3 dernières années, elle est passée de 30 à 100 employés, dont 70% sont hautement qualifiés dans le domaine de l'ingénierie notamment.

BDV : Les simulateurs de CM Labs Simulations sont présents sur tous les continents, et l'entreprise connaît une forte croissance, particulièrement dans le domaine portuaire.

Rodeo FX double le nombre de ses employés

Qu'ont en commun les films Birdman d'Alejandro González Iñárritu, Unbroken d'Angelina Jolie, les saisons 4 et 5 de la série télé Game of Thrones et l'ouverture infographique du plus récent Super Bowl? Ces productions ont fait appel à Rodeo FX, une boîte montréalaise d'effets spéciaux.

L'entreprise vient d'ailleurs d'ouvrir un bureau à Los Angeles pour faciliter le développement d'affaires avec les géants comme Warner et Paramount.

«Nous sommes passés de 100 à plus de 200 employés», affirme Sébastien Moreau, président de Rodeo FX.

Si une telle croissance a été possible, c'est en partie grâce aux crédits d'impôt.

«Plusieurs studios d'effets spéciaux se sont installés à Montréal ces dernières années, et cela permet aux grandes compagnies d'y faire des projets complets», explique Isabelle Langlois, directrice de production chez Rodeo FX.

Des coupes de 20% ont toutefois eu lieu dans ces crédits.

«Montréal est encore un lieu intéressant pour nos clients, mais c'est une ville intéressante parmi d'autres alors qu'avant, c'était l'endroit de prédilection», note M. Moreau, qui a travaillé à Los Angeles pour Industrial Light & Magic (ILM), une filiale de Lucasfilm, avant de fonder son entreprise.

À surveiller entre autres cette année pour voir le travail de Rodeo FX : Cinderella de Kenneth Branagh (Thor, Hamlet), Heart of the Sea de Ron Howard (Da Vinci Code, Apollo 13) et Furious 7.

Du côté québécois, Rodeo FX a travaillé récemment sur les publicités du ministère du Patrimoine canadien pour le 150e anniversaire de la Confédération et sur les publicités Québec Original de Tourisme Québec. La boîte a aussi dans son portfolio des films québécois, dont Incendies, mais elle n'a pas de projet local présentement.

Rodeo FX a été créée en 2006 et sa croissance est constante. L'entreprise a ouvert un bureau à Québec le printemps dernier.

Sébastien Moreau, président et fondateur de Rodeo FX, et Isabelle Langlois, directrice de production, tentent de se démarquer des autres studios d'effets spéciaux québécois actifs dans le cinéma hollywoodien grâce à leur équipe d'employés majoritairement permanents.

L'union fait la force au Quartier de l'innovation

Un espace urbain où l'on peut étudier, travailler, se loger, manger, sortir, vivre. Voilà l'objectif du Quartier de l'innovation (QI), un projet démarré par l'École de technologie supérieure (ETS) et l'Université McGill. Depuis, l'Université Concordia a grossi les rangs.

«Nous voulons mettre à profit le savoir-faire des universités montréalaises - Montréal étant la première ville universitaire au Canada et la deuxième en Amérique du Nord - pour innover, pour créer un écosystème vraiment intéressant où on retrouvera une belle qualité de vie et non seulement de la création d'emplois», affirme Damien Silès, directeur général du QI.

Les projets sont nombreux et de différents ordres. Dès avril, les travaux commenceront dans l'ancien planétarium pour le transformer en plaque tournante de créativité. On y trouvera un centre de conférences et une vitrine pour différentes innovations où les citoyens, les chercheurs, les étudiants et les gens d'affaires pourront échanger et tester des produits. Une dizaine de millions de dollars seront investis dans ce projet.

L'église Saint-Joseph sera convertie en espace locatif à but non lucratif où pourront s'installer artistes, galeries d'art, organismes communautaires et autres. Ce lieu pourra aussi accueillir, par exemple, des projets de recherche collaborative. Les travaux doivent débuter en mars.

Cette effervescence s'accompagne de projets d'affaires majeurs dans le quartier, comme la construction de la tour Deloitte, où s'installera notamment Rio Tinto Alcan.

«Pour les entreprises, le QI sera une porte d'entrée intéressante sur le monde de la recherche et sera une occasion de créer des liens avec des étudiants et des chercheurs», indique M. Silès.

Déjà, le secteur compte 20 000 emplois, 400 entreprises environ dans le domaine des technologies de l'information et des communications (TIC) et 5 incubateurs d'entreprises.

Sur une dizaine d'années, on prévoit qu'environ 5,5 milliards seront investis dans le Quartier de l'innovation, majoritairement des fonds privés.

PHOTO FOURNIE PAR LE QUARTIER DE L'INNOVATION

Les grues s'activent dans le Quartier de l'innovation, au sud-ouest du centre-ville à Montréal, où plusieurs projets commerciaux et résidentiels seront réalisés dans les prochaines années.