Portraits de la relève: obstacles du passé, rêves de l'avenir

Malgré leur esprit analytique, leur aisance avec les chiffres ou leur passion pour les affaires, les comptables affrontent leur lot de difficultés durant leurs premières années. Deux jeunes professionnels font part des défis qu'ils ont surmontés et des aspirations qui les font vibrer.

JESSICA MINIER, 25 ans

Le grand défi de choisir une spécialité

La course aux stages a quelque peu déstabilisé Jessica Minier. Au-delà du caractère compétitif du processus et du - très long - document dans lequel les aspirants comptables doivent se mettre en valeur, elle a été marquée par l'urgence de sélectionner un créneau. « Dès la deuxième année d'université, on doit choisir le type d'entreprise pour lequel on veut travailler, explique-t-elle. Heureusement, cette année-là, j'étais en échange en Slovénie et ma session se terminait plus tard qu'au Québec, alors j'ai eu plus de temps pour faire mon choix. Avec le recul, je pense que je n'aurais probablement pas pris la bonne décision. »

Un an plus tard, elle s'est retrouvée devant le large éventail d'options, même si elle savait depuis longtemps qu'elle voulait devenir CPA auditrice. « À la base, on doit choisir parmi plusieurs profils, comme la fiscalité, la comptabilité financière, la gestion de performance d'une entreprise et bien d'autres. Puis, dans chaque profil, il y a plusieurs types d'entreprises et de clientèles. Selon le cabinet où l'on fait notre stage, on peut travailler durant quatre mois pour le même client ou avoir des responsabilités très variées. »

Membre de la cohorte d'avril 2017 de HEC Montréal et actuellement en stage chez BDO Canada, Jessica Minier souhaite un jour travailler à l'étranger. « Plusieurs cabinets en audit offrent la possibilité de travailler 3, 6, 12 et parfois 24 mois dans leurs bureaux ailleurs dans le monde. Bien sûr, il faut parler la langue d'affaires du pays. » Idéalement, elle s'expatrierait en Allemagne ou en Autriche. « Mon copain habite en Allemagne et je me sens bien là-bas. J'envisage aussi Londres, où j'ai déjà travaillé. »

ÉRIC POIRIER, 32 ans

Apprendre à sortir la tête de l'eau

Le jeune comptable se rappelle encore très bien son stage en vérification. Bien qu'il ait apprécié son employeur et ses tâches quotidiennes, il aurait préféré une formule différente. « Chaque semaine ou presque, on travaillait sur de nouveaux mandats, dit-il. On devait donc recommencer à apprendre le processus d'une nouvelle compagnie chaque fois, alors que j'aurais préféré approfondir le fonctionnement d'une entreprise. » Il devait également se déplacer un peu partout au Québec pour le travail. « C'était un peu difficile de concilier ma vie personnelle et ma vie professionnelle dans ce contexte. » Au bout du compte, il a passé au travers grâce à son amour de la profession et à une attitude résolument positive. « J'ai réalisé que c'était extrêmement formateur d'avoir accès à une panoplie d'entreprises et de processus. Si j'étais resté dans la même entreprise à faire la même chose, j'aurais sûrement moins appris. »

Après avoir ensuite travaillé pendant sept ans au ministère de l'Éducation du Québec, il évolue depuis le printemps 2017 au cégep du Vieux Montréal, dans un poste de gestion qui le stimule énormément. 

« Je coordonne une équipe de travail et j'adore ça ! J'aime amener mes collègues à développer leur potentiel et travailler dans un endroit où on peut améliorer l'efficience des processus. »

Ayant à coeur l'équilibre entre le temps investi au travail et dans sa vie privée, M. Poirier croit pouvoir garder le cap dans son emploi. « Avec l'expérience, j'ai appris à sortir la tête hors de l'eau pour voir venir les vagues, au lieu de les recevoir en plein visage. En anticipant mieux ce qui s'en vient et en répartissant le travail efficacement, j'arrive à maintenir un équilibre. »