Daniel McMahon, président et chef de la direction de l'Ordre des comptables professionnels agréés du Québec (CPA), répond à nos questions sur l'évolution de la profession.

Q On est bien loin de l'individu plutôt austère qui enchaîne du matin au soir des séries de chiffres, n'est-ce pas?

R Il s'agit là, bien sûr, d'un vieux stéréotype qui ne correspond plus du tout aux gens qui exercent la profession comptable. L'Ordre des CPA compte aujourd'hui 36 000 membres, auxquels s'ajoutent 7000 étudiants qui exerceront la profession d'ici à quelques années. Et on les trouve partout où il y a des données financières à traiter, notamment dans tous les endroits où l'on a besoin de contrôle et de vérification financière. Environ 75% de nos membres exercent leur profession dans des entreprises et des organisations de toutes les sphères d'activité; les autres pratiquent dans des cabinets. On dénombre 2800 cabinets comptables au Québec, bien que de 30 à 40% des CPA en cabinet travaillent pour les six plus grandes firmes.

Q Peut-on dire que la fusion des trois ordres comptables marque le début d'une nouvelle ère pour la profession?

R Certainement, et pour plus d'une raison. D'abord, alors que l'on s'aligne sur des règles comptables internationales, la fusion nous permettra d'avoir une voix forte et unie pour participer à la mise en place de normes de déontologie internationales. La fusion permettra aussi au public de s'y retrouver beaucoup plus facilement. L'information quant à la profession devient plus précise, et les membres pourront donner un meilleur service. De plus, en unifiant les programmes de formation continue, les possibilités se multiplient.

Q On nous dit que le Québec a été innovateur quant à la fusion des ordres. Est-ce vrai?

R Tout à fait. Le domaine de la comptabilité est de compétence provinciale. Alors que nous avons fêté, le 16 mai dernier, le deuxième anniversaire de la signature de la loi sur la fusion des ordres, nous sommes encore la seule province où les ordres sont officiellement fusionnés. La Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick suivront bientôt et on peut prévoir que, dans 12 mois, toutes les autres provinces auront adopté leur loi.

Q On ne voit pas beaucoup de comptables parmi les hauts dirigeants de la fonction publique. Y a-t-il une raison à cela?

R On ne les voit peut-être pas, mais il y en a beaucoup. Il y a plus de 1500 de nos membres à la fonction publique provinciale et plus de 1000 au fédéral. Plusieurs d'entre eux occupent des postes de premier plan aux ministères des Finances et du Revenu ainsi que chez le Vérificateur général. Il y a donc une bonne représentation. Si la présence de ces comptables n'est pas toujours bien reconnue, c'est principalement à cause de la confidentialité de leur travail.

Q Quelle est l'influence des comptables canadiens sur la scène internationale?

R Au Canada, nous dénombrons 180 000 comptables. Cela représente 4% des comptables sur la planète. Mais notre poids représentatif auprès des organismes internationaux est beaucoup plus grand, de l'ordre de 10 à 15%. Les professionnels de la comptabilité au Canada sont très bien reconnus parce qu'ils profitent à la fois de la proximité avec les Américains et de la culture européenne de leurs ancêtres. Les comptables canadiens sont donc très populaires auprès des sociétés et des organismes internationaux. C'est pourquoi ils jouent un rôle d'influence nettement plus grand que leur nombre ne le permettrait normalement.

Q Verra-t-on de plus en plus de comptables participer aux grands débats de société?

R Certainement. Nos membres sont présents dans toutes les organisations et dans toutes les sphères de la société. Ils sont bien placés pour jouer un rôle important. Ils ont tout ce qu'il faut pour donner l'heure juste sur de nombreux enjeux importants. Prenez par exemple le budget du gouvernement du Québec. Auparavant, nous y étions impliqués, mais cela se faisait de façon privée. Maintenant, on veut le faire de plus en plus sur la scène publique.