Le REER avant le CELI ou l'inverse? La réponse est tranchée et sans nuance: tout dépend.

«Pour les personnes qui n'ont aucune cotisation REER possible, la première tranche d'épargne de 5000$ de l'année devrait assurément aller dans le CELI», indique Richard La Ferrière, chef de région, Planification financière pour le Québec, de TD Waterhouse.

«Pour les gens qui ne paieront pas beaucoup d'impôt, par exemple parce qu'ils ont beaucoup d'exemption pour leurs enfants à charge, le CELI peut être plus avantageux que le REER, mais il faut faire le calcul cas par cas.»

Une évaluation est indispensable, car pour certains ménages, le résultat peut être inverse: malgré un taux d'imposition minimal, une cotisation au REER peut faire baisser le revenu de manière à accroître substantiellement certains crédits sociaux ou fiscaux.

Mais pour les revenus moyens, de nombreux planificateurs répondent: le REER en premier lieu à cause du remboursement d'impôt.

Pourtant, pour des taux d'imposition équivalents à la cotisation et au retrait, le CELI et le REER se valent.

«Le REER ne fait que rendre les rendements libres d'impôt, tout comme le CELI, fait valoir le planificateur financier et comptable agréé Éric Brassard, conseiller en placements auprès de Valeurs mobilières DWM et de Brassard Goulet Yargeau Services Financiers Intégrés. Souvent, les articles nous disent que le REER et le CELI sont équivalents quand le taux marginal d'imposition reste le même à la cotisation et au retrait, mais les auteurs ajoutent ensuite que, par contre, le REER comporte de l'impôt différé. C'est là qu'ils se contredisent eux-mêmes.»

La démonstration est un peu complexe, mais allons-y tout de même.

Nous partons d'une épargne de 1000$, donc après impôts. Les paramètres: taux d'imposition marginal stable à 40% et rendement de 5%.

Première hypothèse: ces 1000$ sont investis dans un CELI. On les retire après 10 ans avec les bénéfices. On encaisse 1629$, sans impôt à payer.

Deuxième hypothèse: ces 1000$ sont investis dans un REER. Après 10 ans, le retrait de 1629$ est imposé au taux de 40%: il nous reste 977$.

On suppose que les 400$ de remboursement d'impôt ont été immédiatement investis dans un CELI. Après 10 ans de rendement à 5%, ils valent 652$. On les encaisse aussi, libres d'impôt. Au total, on empoche 1629$, tout comme dans la première hypothèse.

Le REER serait plus avantageux que le CELI parce qu'il procure un remboursement d'impôt qu'on pourrait investir?

En fait, à taux d'imposition et rendement stables, il est aussi avantageux si le remboursement est immédiatement investi dans un CELI ou un REER.

Évidemment, cette comparaison suppose que le taux marginal d'imposition lors de la cotisation est égal à celui au moment du retrait.

Si le taux d'imposition est inférieur lors du retrait, le REER procure un avantage supplémentaire.

C'est la raison pour laquelle on préconisera d'investir d'abord dans le REER, et ensuite dans le CELI, dans la mesure où on a de bonnes raisons de croire que le taux d'imposition à la retraite pourrait être plus avantageux qu'au moment de la cotisation.

S'il s'agit d'une année spéciale où notre taux d'imposition est exceptionnellement bas, peut-être sera-t-il préférable de retarder la déduction à une année plus propice, ou de privilégier le CELI.

Cela étant posé, dans l'objectif d'épargne à long terme, il ne faut pas oublier le facteur subjectif, rappelle Éric Brassard: il est beaucoup plus tentant de faire des retraits de son CELI que de son REER.