Après deux ans d’attente, l’entreprise Eldorado Gold Québec, qui exploite la mine souterraine Lamaque à Val-d’Or, a enfin reçu son camion de transport de minerai. Sa particularité ? L’engin d’une capacité de 50 tonnes est entièrement électrique. Une première pour le Québec pour ce type d’équipement.

Acheté au coût de 4,8 millions de dollars, comprenant une seconde batterie d’une valeur de 400 000 $, le camion représente le double de l’investissement d’un camion au diesel. Martin Pichette, directeur des opérations pour Eldorado Gold Québec, assure toutefois que le rendement de l’investissement se verra rapidement en raison d’un meilleur rendement.

« Nous sommes encore dans une phase de test. Il est donc trop tôt pour avoir des données précises, mais nous savons déjà que la vitesse est 30 % supérieure parce que le moteur est plus puissant et que la capacité de chargement est de 50 tonnes au lieu de 45 tonnes avec l’équipement au diesel. »

Des ajustements nécessaires

Adopter une nouvelle technologie demande des ajustements. Étonnamment, ce n’est pas le fait de devoir recharger la batterie qui représente le plus gros défi. « L’engin va charger et décharger le minerai à l’usine pour un total de 10 km 16 fois par jour. À tous les cycles, la batterie doit être changée par celle qui a été chargée. Cette manœuvre prend environ quatre minutes. Le fait d’être sous terre, un lieu relativement chaud, ne pose pas de problème puisqu’elle est chargée grâce au réseau électrique en place », explique le directeur des opérations.

C’est l’aménagement de la mine elle-même qui a été un casse-tête, car le rayon de courbure du nouvel engin est plus grand que celui d’un camion diesel. Il a donc besoin d’un espace plus large pour circuler aisément. « Étant donné que nous sommes dans une mine déjà construite, il a fallu élargir à certains endroits, ce qui est loin d’être simple », raconte Martin Pichette.

Conduire un camion minier électrique n’est pas comme conduire une voiture électrique. Eldorado Gold Québec doit former autant ses électriciens, ses mécaniciens que ses conducteurs, une opération qui devrait durer trois mois.

Il n’y a pas de volant. Ce sont des manettes qui font bouger l’équipement. C’est un apprentissage différent qui demande une adaptation.

Martin Pichette, directeur des opérations pour Eldorado Gold Québec

À cela s’ajoute un protocole de santé et sécurité en cas de panne ou de feu. « Nous avons établi une procédure de remorquage, mais cela est peu probable qu’une panne survienne, car il y a une batterie auxiliaire sur la machine. Aussi, il y a un extincteur automatique intégré en cas d’incendie de la batterie. »

Santé, sécurité et environnement

L’arrivée de cette nouvelle technologie n’a pas causé de résistance auprès des travailleurs. « Au contraire, il y a plutôt un sentiment de fierté de réaliser ce défi et d’adopter une nouvelle technologie », affirme Martin Pichette. Il faut dire que ce camion a l’avantage de ne pas soulever de poussière, améliorant ainsi la qualité de l’air et réduisant considérablement le bruit.

L’engin permet par ailleurs à Eldorado Gold Québec de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Un pas vers la décarbonation de ses activités. « Notre objectif est de diminuer nos GES de 30 % d’ici 2030. Nous avons une responsabilité de laisser un héritage durable pour les générations futures, ce qui veut dire de réduire notre impact environnemental. Un seul camion électrique, c’est 200 000 litres de diesel de moins », spécifie Martin Pichette.

Un deuxième camion en 2024

Eldorado Gold Québec s’est tournée vers l’entreprise finlandaise Sandvik pour l’achat du camion. Pendant neuf mois, celle-ci va accompagner à temps plein la société minière pour s’assurer de sa bonne intégration. Un autre camion électrique est prévu au début de février.