Le Québec est l’une des plaques tournantes mondiales de l’exploitation de l’aluminium. WSP possède une expertise et consacre une équipe entière à la conception de ponts intégrant ce métal aux propriétés circulaires. Regard vers l’avenir avec Benoit Cusson, concepteur en ouvrages d’art au sein de la firme québécoise.

En quoi consiste votre expertise ?

WSP accompagne les donneurs d’ordres dans la réalisation de leurs infrastructures. Comme concepteur, mon rôle est concentré sur la portion design. Je suis également vice-président du chapitre sur les ponts en aluminium de la norme canadienne sur les ponts routiers.

Avez-vous des exemples de réalisations passées ?

Nous avons conçu en 2017 les passerelles Hall et Wellington sur le canal de Lachine. Nous voulons concevoir pour l’avenir et de manière durable. Ces deux structures sont une incarnation parfaite de cette vision. Elles ont demandé beaucoup de recherche et d’innovation et ont en quelque sorte lancé notre expertise dans le créneau de l’aluminium.

Comment sont choisis les matériaux pour ces projets ?

Certains donneurs d’ordres souhaitent recevoir des recommandations dans leurs appels d’offres. D’autres spécifient les matériaux à préconiser, notamment l’acier et le béton. Cependant, nous pensons que le moment est venu d’inclure systématiquement l’aluminium parmi les matériaux à envisager. Même si ce n’est pas l’option retenue, elle devrait être étudiée.

Pourquoi ?

Les décideurs font souvent du coût de construction le critère décisionnel principal. Toutefois, les deux critères les plus pertinents sont l’impact environnemental, pour lequel l’aluminium se démarque, et le coût total de possession, c’est-à-dire les frais de construction additionnés aux frais d’entretien. L’aluminium ne rouille pas, il ne nécessite donc aucun entretien. Il est aussi très léger, ce qui diminue la charge transférée aux fondations et donne une meilleure durée de vie.

Il est donc plus rentable à long terme ?

Les projets réalisés récemment confirment que sur le coût total de possession, l’aluminium l’emporte souvent. La durée de vie d’un pont est d’environ 75 ans. On doit donc se poser la question : est-ce nous qui devons payer nos infrastructures ou nos enfants ? Veut-on refiler la facture aux générations futures ou faire des choix plus responsables ?

L’aluminium est plus responsable en raison de sa circularité ?

Entre autres, oui. Je peux notamment témoigner de sa circularité socioéconomique. Lors d’une visite de projet, un soudeur m’a un jour chaudement remercié d’avoir choisi l’aluminium pour la passerelle qu’il construisait parce qu’elle amenait du travail chez lui. Ce métal est produit ici, on le transforme ici, on peut l’utiliser dans nos infrastructures locales et, finalement, le recycler ici. Ultimement, il fait travailler tout le monde.

L’aluminium est donc le matériau de l’avenir ?

L’un des créneaux d’avenir est de remplacer les tabliers des ponts en béton par des tabliers d’aluminium. Nous venons de concevoir le premier pont routier du genre au Canada dont le soudage est réalisé ici. La structure située dans la forêt Montmorency est en fabrication au Québec et sera ouverte à la circulation en 2024. Elle prouve que la technologie est mûre et que nous sommes prêts à réaliser ce genre de projets à grande échelle. Il y a aujourd’hui un véritable « momentum » autour de l’aluminium, mais les donneurs d’ordres doivent prendre le virage !