Des citoyens habitant aux abords de l’autoroute 15 et du pont Samuel-De Champlain s’impatientent. Deux ans après la promesse de correctifs pour réduire le bruit venant des voies rapides, ils déplorent que c’est désormais le silence radio au gouvernement fédéral.

« On a l’impression qu’on est à la merci de ces gens-là, que ce sont eux qui décideront quand bon leur semble d’agir pour notre quotidien », lance Serge Gravel. Le Montréalais demeure tout près de l’autoroute 15, qui débouche quelques centaines de mètres plus loin sur le nouveau pont Samuel-De Champlain, dont la construction avait été achevée en 2019.

Son groupe, qui milite depuis 2019 pour l’implantation de mesures d’atténuation du bruit, vient de lancer une pétition pour accentuer la pression sur Infrastructure Canada et le Groupe Signature sur le Saint-Laurent (SSL), responsable de l’entretien et de l’exploitation du corridor routier.

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Alexis Dorais-Joncas réside dans le secteur depuis bientôt dix ans.

« Personne ne dit que le bruit va être réduit à zéro. On savait bien en achetant ici qu’il y aurait du bruit, ce n’est pas ça, le problème. Sauf que ça fait quatre ans que les niveaux sonores sont supérieurs aux normes prévues au contrat. Quatre ans qu’on endure un bruit qui n’aurait jamais dû être là », martèle Alexis Dorais-Joncas, qui demeure dans le secteur depuis bientôt dix ans.

« C’est comme si on avait un acouphène tout le temps »

Dès octobre 2021, dans une présentation publique faite devant les citoyens, le groupe SSL avait reconnu que les niveaux de bruit « dépassent les critères » dans le secteur de Verdun, le long de l’autoroute 15, entre le boulevard LaSalle et la rue Wellington.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Le tronçon de l’autoroute 15 dont se plaignent les citoyens

Au Québec, le niveau sonore le long des autoroutes ne doit généralement pas dépasser 65 décibels, selon la politique sur le bruit routier du gouvernement provincial.

Des relevés faits par les résidants ont toutefois indiqué plus de 70, voire 80 décibels à l’heure de pointe.

La Presse avait rapporté leur indignation à l’époque, mais deux ans après, rien n’a réellement changé et aucun correctif n’a encore été apporté. « Ce n’est pas compliqué : on veut que ce soit comme avant. C’est comme si en ajoutant une voie de circulation, ils n’avaient pas réalisé qu’il faudrait prendre plus de mesures. La réflexion n’a clairement pas été poussée. Et aujourd’hui, c’est comme si on avait un acouphène tout le temps », illustre la résidante Anne Dumas.

Lisez l’article « Pont Samuel-De Champlain : “Le vacarme des autos est insupportable” »

Le porte-parole du groupe SSL, Martin Chamberland, assure de son côté que les plaintes de bruit sont prises au sérieux. Il soutient que depuis la rencontre de 2021, une nouvelle campagne de mesure de bruit a été réalisée pour permettre la préparation d’un « plan d’action » qui sera bientôt présenté à la population.

Le choix des matériaux a aussi été fait pour ériger un éventuel nouveau mur antibruit et l’approvisionnement des panneaux est en cours, a précisé M. Chamberland à ce sujet.

Vers la fin de 2023

Son équipe veut par ailleurs tenir une autre rencontre citoyenne « le plus rapidement possible, d’ici la fin 2023 », précise-t-il. Lors de cette rencontre, on présenterait notamment aux résidants « la méthodologie de la préparation du modèle acoustique et l’identification des zones d’intervention », mais aussi « la description détaillée du plan d’action et des mesures correctives qui seront implantées » ainsi que « la portée et l’échéancier des travaux » qui seront réalisés.

Ladite présentation devra toutefois préalablement être montrée à Infrastructure Canada et aux élus municipaux, note M. Chamberland, qui assure que l’objectif est « de s’assurer que les limites de bruit prévues à la convention seront respectées ».

Chez Infrastructure Canada, on indique prudemment que « la qualité de vie des citoyens est une priorité ». « Nous continuons de travailler en étroite collaboration avec le Groupe Signature sur le Saint-Laurent afin de trouver une solution satisfaisante et assurer que les limites de bruit prévues au contrat seront respectées », nous répond par courriel l’un de ses porte-parole, Caleb Spassov.

Pour les résidants, la promesse de voir des mesures arriver semble encourageante, mais incertaine. « On est en droit de la véracité de ce qui est dit quand on sait que de notre côté, on n’a absolument aucune communication. C’est rendu qu’il faut passer par les médias pour avoir des réponses », dit Serge Gravel.

« C’est un peu comme si la partie pollution sonore d’un projet, c’est secondaire. On l’a vu ailleurs. On se dit que personne ne va mourir parce que le bruit est trop élevé, donc c’est moins urgent, sauf que si on ne réfléchit pas à l’enjeu dès le début, c’est très facile à ignorer par la suite, parce qu’il n’y a pas d’impact sur le fonctionnement comme tel », affirme quant à lui Alexis Dorais-Joncas.