En dépit de la hausse du prix du métal précieux, la plupart des exploitants de petits gisements d'or filoniens de l'Abitibi doivent gérer leurs exploitations de façon très serrée pour se maintenir à flot. Malgré cela, les mauvaises surprises sont monnaie courante.

François Perron, président et chef de la direction de Corporation minière Alexis, l'a appris à la dure l'an dernier avec la mine d'or du lac Herbin.

M. Perron, qui était auparavant gestionnaire de portefeuille, a été confronté de plein fouet à l'une des pires craintes d'un exploitant minier: l'or extrait du minerai ne répondait pas aux attentes.

En raison de cette déficience, Alexis a dû réduire de façon draconienne la quantité de réserves et de ressources de la mine Herbin, la seule mine exploitée par l'entreprise depuis 2008. La fermeture de la mine devenait une possibilité, et la situation financière d'Alexis devenait inquiétante.

Il a pris le taureau par les cornes. Sylvain Lehoux, vice-président de l'exploitation minière au Québec, et lui ont convaincu le personnel que la mine ne s'arrêterait pas là et ont amorcé le retournement. M. Perron a pu réunir 20 millions de nouveaux capitaux pour financer la relance.

«Je suis heureux de le dire: oui, le pire est passé. Nous atteignons les objectifs et nous sommes rendus là où nous voulons être. Notre personnel a fait un travail extraordinaire», a dit M. Perron à La Presse.

L'augmentation de la production d'or ainsi que la sécurité de l'exploitation sont des indices du succès du retournement.

«Nous sommes une petite société qui exploite un petit gisement. Il faut donc être efficace. Quand le nombre d'accidents avec arrêt de travail diminue, c'est que le personnel est motivé et qu'il travaille avec rigueur et discipline», a expliqué M. Perron.

Teneur imprévisible

Sur le plan opérationnel, Alexis a d'abord augmenté le nombre de chantiers en activité. Selon M. Perron, le problème des mines d'or filoniennes est que la teneur de chaque filon est imprévisible - il a par contre une confiance élevée relativement à la teneur moyenne de l'ensemble des filons.

Par conséquent, la mine doit ouvrir plusieurs chantiers pour permettre le déplacement de l'exploitation lorsque l'un deux ne fournit pas la teneur prévue. Auparavant, l'arrêt du seul chantier signifiait la paralysie de toute la chaîne de production. Alexis a ainsi augmenté le nombre de chantiers en exploitation à un minimum de quatre.

Alexis prévoit extraire de 18 000 à 20 000 onces d'or par année de la mine Herbin, à partir d'un minerai de 4 à 5 grammes la tonne. Avec les correctifs apportés, le flux monétaire de la mine se maintient au positif.

M. Perron se dit conscient des défis importants à relever, dont celui d'augmenter les réserves à un niveau suffisant pour deux ou trois années d'exploitation, et d'améliorer le taux de récupération de l'usine de traitement.

Au Québec, 5 des 11 mines d'or en exploitation peuvent être qualifiées de petites mines. Elles ont toutes connues à un moment ou un autre, et à divers degrés, des problèmes semblables à ceux de Herbin.