L'argent étranger prend la route du nord du Québec et ce sont des dizaines de milliards de dollars qui vont rouler de la Jamésie au Nunavik.

En fait, derrière la rhétorique gouvernementale et la poésie pionnière du développement des grands espaces du Nord québécois, il y a une simple tendance économique que confirme Louise Morin, vice-présidente principale, Affaires internationales chez Investissement Québec.

«La demande mondiale pour les métaux connaît une croissance phénoménale, particulièrement en Chine mais partout ailleurs aussi, dit-elle. C'est pourquoi notre Plan Nord rencontre tant d'enthousiasme auprès des investisseurs et gouvernements étrangers.»

Mme Morin est bien placée pour le savoir. Investissement Québec est le grand commis voyageur du Plan Nord, ayant reçu la mission de démarcher la planète pour faire neiger les dollars au nord du 49e parallèle. Louise Morin confirme que le Québec a ouvert un bureau à Pékin avec pour priorité absolue le secteur minier.

New Millenium

Ces investissements se font souvent par partenariats entre les découvreurs québécois et canadiens de réserves importantes de minerai et des investisseurs étrangers.

C'est ce qui est arrivé à New Millenium, assez petite société publique canadienne, discrètement assise sur ce que son vice-président Ernest Dempsey nomme «une très grosse réserve de minerai de fer».

Arrive l'indienne Tata Steel qui prend 27% de l'actionnariat de New Millenium par petites bouchées depuis octobre 2008. Tata est la sixième aciérie du monde. «Nous avons commencé par un projet assez modeste, le DSO Project («Direct Shipping Ore»), précise M. Dempsey, où, à partir de 2012 nous allons produire 4,2 millions de tonnes de fer par an.» Tata investit un assez modeste ... 300 millions là-dedans.

Mais dans le contexte du Plan Nord, New Millenium et son partenaire indien ont annoncé le 14 septembre dernier qu'ils vont lancer la phase deux, l'attaque de deux autres gisements en 2013. L'équivalent de 22 millions de tonnes par an.

Tout ça va prendre le train vers Sept-Îles et, au-delà de l'Atlantique, vers les aciéries européennes de Tata Steel.

Pour sa part, Cliff Resources, minière américaine, exploite l'ancienne mine Wabush à Fermont. Elle veut doubler sa production d'ici trois ans, Plan Nord et demande mondiale exigent. La norvégienne Yara est en train d'évaluer très sérieusement un gisement dans la région de Sept-Îles avec son partenaire financier Investissement Québec.

Le document Plan Nord, Faire le Nord ensemble évoque 11 nouveaux projets de ce type, au coût total de 8,24 milliards de dollars et résultant en la création de 10 000 emplois au Nord.

Reste cette question: l'argent étranger va-t-il servir seulement à extraire le minerai et à l'envoyer subir sa transformation secondaire à l'étranger?

Le Plan Nord a énoncé clairement la transformation secondaire comme un de ses objectifs. L'issue des négociations avec les sociétés minières étrangères que prospectent nos mineurs de capitaux répondra à la question.