Chaque samedi, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Charles Langford, de la firme montréalaise qui porte son nom.

Q: Quel a été l'événement le plus significatif des derniers jours en Bourse?

R: La dernière semaine boursière a été marquée par des événements comme la confirmation par le président Barack Obama du choix de Janet Yellen pour succéder à Ben Bernanke à la tête de la Réserve fédérale américaine, par les résultats trimestriels de plusieurs entreprises américaines, et, évidemment, par l'impasse sur la limite des dépenses fédérales américaines. Cette limite sera atteinte la semaine prochaine si aucun accord n'est conclu d'ici là.

Q: Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement?

R: Ce ne sont pas toujours les mêmes indicateurs. Actuellement, le marché fonctionne plus par impulsions, dont chacune a le pouvoir de modifier l'orientation de l'ensemble du marché, presque indépendamment des qualités spécifiques des titres. Le seul moyen d'affronter ce type de marché à haute corrélation est avec des moyennes mobiles, lesquelles nous disent qu'actuellement, le marché est à la baisse.

Q: Que feriez-vous avec plusieurs milliers de dollars à investir?

R: Je placerais la somme dans des Fonds indiciels négociés en Bourse en dollars canadiens sur des indices américains tels l'indice S&P 500 et le NASDAQ 100. Et mieux encore, si la somme est en dollars américains, je la placerais dans les Fonds américains négociés en Bourses de l'indice S&P 500 et du NASDAQ 100. L'avantage par rapport au marché canadien est que ces Fonds négociés en Bourse ont des options d'achat et de vente à la semaine qui permettent de faire et de répéter des stratégies profitables sur une période de temps très courte. En ce moment, puisque le ton du marché est à la baisse, j'ajoute la vente d'options d'achat et l'achat d'options de vente pour protéger mon portefeuille contre des baisses ultérieures.

Utiliser des Fonds négociés en Bourse permet d'éviter le risque spécifique des sociétés. Les titres individuels comportent deux risques. Le premier est le risque spécifique lié aux dirigeants de la société. Et il y a aussi le risque systématique lié aux taux d'intérêt, à l'inflation, à la politique fiscale, etc. En utilisant des fonds négociés en Bourse, j'écarte ainsi en bonne partie le risque spécifique des titres individuels. C'est ma façon de faire appel à l'analyse fondamentale.

Quand j'investis dans un indice de Bourse comme le XIU à Toronto (S&P/TSX 60), ça revient à m'en remettre à la décision de Standard&Poor's de sélectionner les 60 meilleurs titres canadiens. Je fais ainsi de l'analyse fondamentale indirecte. Je ne crois pas à l'analyse fondamentale liée à des statistiques trimestrielles ou ponctuelles.

Q: Quel placement évitez-vous à tout prix?

R: Les plus inquiétants placements sont actuellement les titres à revenu fixe, par exemple les obligations et les actions privilégiées qui sont généralement des placements sur un horizon à long terme. À cause de l'incertitude entourant l'évolution des taux d'intérêt et du fait que les taux d'intérêt actuels sont historiquement très bas, ces instruments sont plus portés vers la baisse à la moindre hausse de taux.

Q: Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus?

R: Je ne crois pas qu'en ce moment, comme dans d'autres moments par ailleurs, des titres ou des secteurs puissent être sous-évalués. Je crois que le marché exprime toujours au mieux les intérêts de tous les participants. En d'autres mots: je crois que le marché est efficient.