Votre conseiller financier: qui est-il? Comment vous sert-il? En avez-vous pour votre argent? Malgré la crise financière et les scandales boursiers, les Québécois ne se posent pas assez de questions avant d'investir.

À peine le quart de ceux qui font affaire avec un conseiller se sont déjà renseignés sur celui-ci, indique un sondage SOM dévoilé hier par Question Retraite pour marquer le début du mois de la planification financière de la retraite.

«Même avec les tous les scandales et toutes les campagnes de sensibilisation, les épargnants ne sont pas encore assez vigilants», constate Jocelyne Houle-LeSarge, présidente de Question Retraite, regroupement à but non lucratif, composé de partenaires gouvernementaux, financiers, syndicaux et universitaires.

En novembre dernier, l'Autorité des marchés financiers (AMF) avait lancé une importante campagne de sensibilisation contre la fraude financière, sur le thème «Avant d'investir, investiguez». Pour en avoir rapidement le coeur net, les investisseurs peuvent consulter le registre des individus autorisés, sur le site web de l'AMF (www.lautorite.qc.ca).

«Les gens le savent, mais ils ne passent pas à l'action», déplore Mme Houle-LeSarge. Le sondage révèle que près des trois quarts des Québécois n'ont pas demandé à leur conseiller quels sont ses titres professionnels ou ses diplômes. Et plus des deux tiers ne lui ont pas demandé quels sont les permis dont il dispose.

Paradoxalement, la vaste majorité des épargnants considère qu'il est extrêmement risqué (9,2 sur une échelle de 10) de confier son argent à quelqu'un qui n'a pas de permis.

Les bonnes questions

Selon Mme Houle-LeSarge, les Québécois ont encore une «certaine gêne» à discuter d'argent. «Ils ne posent pas les bonnes questions aux professionnels à qui ils confient leurs épargnes», dit-elle.

Il n'y a pourtant rien de mal à cuisiner un peu son conseiller en lui demandant:

> Quelles sont vos spécialités?

> Combien ça va me coûter en frais?

> À quel genre de service puis-je m'attendre en échange?

> Quel est votre processus de suivi?

> À quelle fréquence allez-vous me rencontrer?

> Qu'est-ce que ça va me donner comme résultat?

Ce petit examen est la meilleure garantie d'obtenir un service complet, au fil des ans. «La préoccupation première des gens, c'est la planification de la retraite», indique Mme Houle-LeSarge. Mais pour bâtir un plan financier, le professionnel doit ratisser plus large en se penchant par exemple sur le budget, la fiscalité, la succession, l'investissement, selon les besoins du client.

«Les planificateurs financiers sont formés pour cela», assure Mme Houle-LeSarge, aussi présidente de l'Institut québécois de planification financière.

La valeur du conseil

Même si près de 20% de la population prend désormais ses décisions de placement sans aide, avec l'avènement de l'internet, la majorité des épargnants accordent encore beaucoup de valeur aux conseils d'un spécialiste, comme le démontre une recherche d'Ipsos Reid, dévoilée la semaine dernière, par le Conseil des fonds d'investissement du Québec.

Pour la moitié des Canadiens, le conseiller financier demeure la principale source d'information sur les placements, loin devant les médias (14%), la famille ou les amis (11%), les sites web des institutions financières (8%) et les autres sites web financiers (3%).

Par ailleurs, les épargnants qui font appel à un conseiller semblent heureux de leur sort. Ils ont tendance à être plus satisfaits de leur situation financière, plus confiants face à la retraite, et plus riches que ceux qui n'ont pas de conseiller, fait ressortir l'étude.

En fait, plus de 70% des gens qui ont un conseiller sont satisfaits de leur situation financière actuelle, et s'attendent à ce que leurs affaires s'améliorent au cours de la prochaine année. Seulement la moitié des investisseurs qui n'ont pas de conseiller affichent le même optimisme.

Les trois quarts (74%) des gens qui ont un conseiller sont convaincus d'avoir une retraite confortable, comparativement à seulement 52% chez les autres. Cela s'explique quand on voit que les personnes qui sont épaulées par un conseiller ont des épargnes largement supérieures aux personnes qui n'en ont pas.

Chez les ménages qui ont des revenus variant entre 70 000 et 100 000$ par année, ceux qui ont un conseiller disposent de 164 000$ d'épargnes, tandis que les autres n'ont que 44 000$.

Les Québécois se renseignent peu avant d'investir

> Seulement le quart des travailleurs québécois (24%) se sont déjà renseignés sur leur conseiller financier.

> Près des trois quarts (72%) n'ont pas demandé à leur conseiller quels sont ses titres professionnels ou ses diplômes.

> Plus des deux tiers (68%) n'ont pas demandé à leur conseiller quels sont les permis dont il dispose.

Source: Sondage SOM réalisé auprès de 1501 répondants de 25 ans et plus, du 10 au 31 mai 2010, de toutes les régions du Québec. La marge d'erreur maximale est de 2,9 points de pourcentage.