Rumeurs tous azimuts s'ajoutant aux craintes autour de l'endettement des États ont entraîné une dégringolade des banques françaises à la Bourse de Paris, mais associations de consommateurs et banques se veulent rassurantes pour les avoirs des Français.

Le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer a affirmé jeudi dans un communiqué que la solidité des banques françaises n'était «pas affectée» par les mouvements boursiers.

«Le système bancaire français et européen est solide. Il n'y a pas d'inquiétude particulière à avoir en ce moment. On a une baisse des Bourses et le phénomène est amplifié parce que c'est le mois d'août», a expliqué à l'AFP Thierry Saniez, délégué général de l'association de consommateurs CLVC.

«Malgré la profondeur de la crise en 2008/2009, il n'y a eu aucun défaut de paiement de la part des banques françaises et européennes. On ne voit pas pourquoi ce serait le cas aujourd'hui», a-t-il souligné.

Selon lui, le consommateur français «est bien conscient des garanties solides et élevées» qui s'offrent à lui en cas de défaillance d'un établissement bancaire.

Le plafond de garantie des dépôts bancaires est passé en octobre 2010 de 70 000 à 100 000 euros par personne et par compte, pour les établissements dont le siège est en France ou à Monaco (y compris filiales françaises de banques étrangères), a rappelé la Fédération bancaire française, se refusant à commenter les déboires des banques en Bourse.

Cette garantie porte notamment sur les dépôts en espèces, les titres tandis que les contrats d'assurance-vie sont protégés par un dispositif propre.

«Dans le cas d'un compte joint, c'est deux fois 100 000 euros», a relevé M. Saniez, glissant à l'adresse des petits porteurs s'inquiétant de la récente chute du CAC 40 que «si on ne vend pas, on ne perd pas».

Même ton rassurant du côté de l'Association française des usagers bancaires (Afub): «Il n'y a pas d'angoisse à avoir. Aucune banque ne va déposer le bilan», a déclaré à l'AFP son secrétaire général Serge Maître.

«Néanmoins, les clients peuvent craindre que la restriction du crédit constatée depuis quelques mois se poursuive, et même s'amplifie», a-t-il relevé.

La Banque de France a annoncé début août que le montant des crédits à la consommation accordés en France sur un an a atteint en juin son plus bas niveau depuis 2006. Et 71% des banques prévoient une poursuite de la baisse de la demande de crédit immobilier au troisième trimestre.

«Tous les éléments concourent à une reprise de l'inflation, donc à une augmentation des taux d'intérêts», a ajouté M. Maître.

Du côté des banques, seule la Société Générale a ouvertement réagi. Son PDG Frédéric Oudéa a entrepris un tour des médias en urgence pour démentir des rumeurs qualifiées de «nocives» sur la santé financière du groupe et sur l'impact des problèmes d'endettement de la Grèce et de l'Italie.

Sur ce dernier point, il a affirmé jeudi sur RTL que «tous ces enjeux-là sont minimaux pour la Société Générale. (...) Nous faisons des profits solides, nous avons renforcé notre capital, il n'y a aucun problème sur la Société Générale».

Son titre a terminé en baisse mercredi de 14,74%, après avoir perdu jusqu'à 22,5%. À 07H30 jeudi, il perdait 6,79% dans un marché en repli de 1,52%.

«Nous avons en France, heureusement, la chance d'avoir un marché qui reste équilibré, des activités solides, un coût du risque faible et nous sommes tout à fait capables de continuer à prêter à nos clients».

«Nous continuons à prêter, nos prêts ont continué à augmenter en 2009, en 2010, nous sommes conscients de notre responsabilité», a-t-il relevé.

Une autre grande banque française a estimé qu'il n'y avait pas de risque de faillite, et que la clientèle ne semblait pas s'en soucier.

Mais BNP Paribas, Crédit Agricole et BPCE (Banque Populaire et Caisse d'Épargne) n'ont pas souhaité faire de commentaire.