Il s'est éteint en même temps que la saison qu'il aimait tellement. Jean Lessard, premier champion canadien de ski alpin de langue française et fondateur de l'école de ski du mont Sutton, s'est éteint le 27 avril au Centre hospitalier Brome-Missisquoi-Perkins de Cowansville. Il avait 80 ans.

Le Sherbrookois s'est illustré à plusieurs occasions dans des compétitions régionales et nationales. Il a remporté cinq fois consécutives l'Adams Memorial au mont Orford, dans les Cantons-de-l'Est. En 1959, il devient le premier champion canadien de langue française en ski alpin (slalom, slalom géant et combiné). L'année suivante, il est membre de l'équipe olympique et termine 31e au slalom géant lors des Jeux olympiques de Squaw Valley, en Californie.

Quelques mois plus tard, Jean Lessard raccroche ses skis de compétition et amorce sa carrière professionnelle au mont Sutton, où il contribue au développement de la station de ski dès son ouverture en 1960. Il fonde la boutique et l'école de ski, qu'il dirigera jusqu'à sa retraite, 30 ans plus tard.

Fils d'un maçon et d'une mère au foyer qui a élevé ses neuf enfants, Jean Lessard est très tôt tombé dans la marmite du ski. Son père, Paul Émile, fabriquait lui-même à l'aide de planches de bois les skis de ses enfants, dont plusieurs ont fait de la compétition. «Roland, le fils aîné, a été le premier à skier professionnellement et c'est lui qui a enseigné à Jean à faire du ski», précise sa fille France.

Jean Lessard a fait ses preuves à l'école de ski Hillcrest, du nom du premier centre de ski des Cantons-de-l'Est (rebaptisé Montjoye), où l'instructeur Eric Schiller lui enseigne une technique autrichienne de slalom. Au fil du temps, Jean adopte la méthode française de son idole, le père du ski alpin Émile Allais, qui prônait les virages en parallèle en opposition au chasse-neige des Autrichiens.

Un bon vivant

Luc Bélanger, fils du fondateur de la station de ski du mont Sutton Réal Boulanger, se souvient d'un «bon vivant» qui s'amusait sur les pistes de ski avec les moniteurs. «C'était un bouffon sur deux pattes. Il faisait toujours des prouesses, par exemple, il allait à reculons sur les bosses», dit-il.

Jean Lessard était également peu bavard, se rappelle Luc Boulanger, mais généreux et actif, ayant contribué à plusieurs activités dans la région, dont le club de golf Sutton, le club Optimiste et le Gala des arts. Les fonds amassés lors d'un tournoi de golf annuel qu'il organisait allaient à la Fondation Boulanger-Bédard, consacrée au développement culturel et sportif des jeunes.

L'ancien skieur olympien était également membre et directeur de l'Alliance des moniteurs de ski du Canada, créé en 1939.

Jean Lessard laisse dans le deuil son épouse Suzanne Brien, et ses enfants Marc et France. Les funérailles ont eu lieu samedi dernier à l'église Saint-André de Sutton.