Deux défis se poseront à Projet Montréal lors des élections : faire connaître sa candidate à la mairie, Valérie Plante, et faire élire des candidats à l'extérieur des arrondissements centraux.

Les spécialistes consultés par La Presse estiment que la barre est haut placée pour Projet Montréal afin de prendre la mairie le 5 novembre, bien que rien ne soit impossible. « Ils ont vraiment un enjeu important qui est de faire connaître leur chef », résume Laurence Bherer, professeure de science politique à l'Université de Montréal. La politicologue estime que le parti semble d'ailleurs l'avoir bien compris, ayant entrepris une campagne « très musclée » depuis la mi-août pour mieux faire connaître Valérie Plante.

« L'homme de la situation »

À ce titre, la professeure Caroline Patsias, de l'UQAM, estime que Projet Montréal a visé juste avec sa publicité décrivant sa candidate comme « l'homme de la situation », ce qui a fait beaucoup parler d'elle. « Ça a obligé Denis Coderre à se positionner. Il a par la suite recruté plusieurs jeunes femmes et, pour moi, c'est une réponse implicite », évalue la politicologue.

Le professeur Harold Chorney, de l'Université Concordia, ne serait pas étonné de voir Valérie Plante obtenir de meilleurs résultats que prévu. « Il y a beaucoup de problèmes avec la circulation, les infrastructures de Montréal. Valérie Plante est relativement charmante dans son image publique, alors c'est possible qu'elle fasse mieux qu'anticipé si elle met l'accent sur le ressentiment face à la circulation et les blocages à cause du manque de planification des travaux », dit-il.

Le politicologue juge que l'aspirante mairesse a jusqu'à présent su plaire aux jeunes électeurs, bien que ceux-ci aient peu tendance à voter aux élections, particulièrement municipales.

Le petit nombre de candidats à la mairie pourrait aussi brouiller les cartes. « La division du vote va être moins importante qu'en 2013. Denis Coderre n'a pas été élu avec tant de votes la dernière fois, alors il faut se demander vers qui vont se tourner ceux qui ont voté Mélanie Joly ou Marcel Côté. Même si la barre est haute pour Projet Montréal, il y a un beau défi là », dit Laurence Bherer.

Viser l'extérieur du centre de l'île

Au-delà de sa chef, Projet Montréal devra aussi parvenir à s'imposer à l'extérieur du centre de l'île. « Le parti a connu un bon début de campagne. Le problème, c'est qu'ils ne sont pas connus dans tous les arrondissements. Et si en politique on ne vous connaît pas, c'est comme si on était contre vous », avance Caroline Patsias.

« L'enjeu est de voir si Projet Montréal peut se défaire de l'image selon laquelle ils sont juste attachés aux quartiers centraux », explique Laurence Bherer, professeure de science politique à l'Université de Montréal.

La politicologue souligne toutefois que, depuis sa création en 2005, « Projet Montréal a fait des gains à chaque élection, autant dans les mairies d'arrondissement que chez les conseillers ». Laurence Bherer note au passage que le parti a augmenté considérablement le nombre de ses membres depuis les dernières élections et que ceux-ci sont souvent des militants très actifs. Bref, le parti sera en bonne position pour inciter ses partisans à voter le 5 novembre, ce qui représente un défi important pour tous les candidats au municipal.

Harold Chorney croit toutefois que Projet Montréal est vulnérable aux attaques de Denis Coderre, qui pourrait tenter de véhiculer une image stéréotypée des candidats de la formation. « Il pourrait tenter de les définir comme un groupe de radicaux, d'environnementalistes. Ils sont vulnérables à ces critiques et je me demande s'ils ont la capacité de grandir au-delà de leur base. »

Si Denis Coderre a choisi d'ignorer les attaques de Projet Montréal depuis quelques semaines - « je ne fais pas campagne contre les autres », a-t-il maintes fois répété aux journalistes -, il n'a pas hésité à affirmer à plusieurs reprises que les électeurs « sont tannés des gens dogmatiques qui cherchent toujours à trouver la bête noire et à critiquer. Les gens sont tannés de la chicane, de toujours pointer du doigt ».

IMAGE FOURNIE PAR PROJET MONTRÉAL

Une pancarte de Projet Montréal