Menacés de devenir des «fantômes urbains», selon un groupe d'experts, les édifices patrimoniaux abritant l'Hôtel-Dieu et le Royal Victoria sont «une priorité» pour la Ville de Montréal, a assuré le maire Denis Coderre.

«Je vais regarder ça rapidement, ça presse, a-t-il déclaré en point de presse ce matin. C'est une priorité pour les Montréalais, c'est une priorité pour le quartier. On ne peut pas laisser ça à l'abandon. On est très conscients et sensibles de la situation.»

Le maire réagissait à la publication d'un rapport commandé par le gouvernement Marois, rendu public hier et dont Le Devoir a fait état, qui tire la sonnette d'alarme sur le sort de ces deux édifices qui seront graduellement fermés à partir de 2015. Leurs activités seront transférées dans les nouveaux CHUM et CUSM. L'urbaniste Marie Lessard, l'ex-recteur de l'UQAM Claude Corbo et l'architecte Cameron Charlebois mettent notamment en garde les gouvernements des risques qu'on abandonne ces «bâtiments très complexes à rénover» à leur sort.

Un joyau patrimonial inutilisé risque de se retrouver sur «une trajectoire périlleuse pouvant le réduire à l'état de fantôme urbain menacé de périls, allant du squat illégal à l'incendie criminel», prévient le rapport.

Le maire Coderre a annoncé qu'il rencontrera le groupe d'experts mercredi prochain.

Trop coûteux pour Montréal

En ce qui concerne l'Hôtel-Dieu, il a rappelé sa préférence pour sa conversion en logements sociaux. «Je crois foncièrement en la question de la mixité sociale. Parler de logement social, de ce qu'on peut faire pour répondre aux besoins de la population. Il y a un grand stationnement également, qu'est-ce qu'on va faire avec ça (...).Quand il y a des bâtiments existants, je comprends qu'on peut faire des choses. On a une belle opportunité pour revamper tout ça.»

Le Royal Vic représente un tout autre défi, puisque sa reconversion est évaluée à plus de 850 millions de dollars par le groupe d'experts. «Il y a déjà un projet de l'Université McGill qui est sur la table à dessin, a rappelé le maire. J'ai déjà rencontré la rectrice, Suzanne Fortier. On va se parler continuellement. S'il y a des projets intégrés comme celui de l'Université McGill, on va s'asseoir et on va regarder ça ensemble.»

La complexité de la reconversion, la décontamination probable représentent cependant«un coût énorme» qu'on doit évaluer avec rigueur, prévient-il. «On veut le faire adéquatement, vous comprendrez qu'on parle de centaines de millions de dollars. C'est sûr que ce n'est pas les Montréalais qui vont tout payer pour ça.»