L'administration Plante compte agrandir le parc-nature de l'Anse-à-l'Orme pour y inclure notamment un vaste terrain où des promoteurs tentent depuis plusieurs années d'aménager un ensemble immobilier.

Le comité exécutif doit voter aujourd'hui en faveur d'un agrandissement des limites de ce vaste espace vert de l'ouest de l'île. Le parc-nature gagnerait ainsi 46 hectares, soit environ une fois et demie la taille du parc La Fontaine.

Pour ce faire, Montréal compte intégrer trois terrains aux limites du parc-nature. Le plus grand lot, de 31 hectares, appartient au ministère de l'Environnement. Un autre, d'à peine un hectare, appartient à Sainte-Anne-de-Bellevue. La métropole a toutefois également l'oeil sur un terrain de 14 hectares appartenant à un groupe de promoteurs, Développement immobilier SAB, qui caresse depuis plusieurs années un important projet résidentiel à cet endroit.

Les promoteurs ont d'ailleurs intenté une poursuite de 35 millions l'été dernier contre Sainte-Anne-de-Bellevue à la suite de l'adoption d'un Plan particulier d'urbanisme venu freiner leur projet immobilier.

Jointe par La Presse, la mairesse de Sainte-Anne-de-Bellevue, Paola Hawa, s'est réjouie de l'agrandissement prévu.

« C'est l'aboutissement de longues démarches. Nous partageons la même vision. » - Paola Hawa

Le Conseil régional de l'environnement de Montréal a également applaudi l'initiative. « On est toujours très heureux de voir des parcs-nature grandir. Plus le parc se consolidera face à la pression immobilière, mieux c'est », a dit un représentant, Emmanuel Rondia. Celui-ci a ajouté que le secteur était un milieu riche en biodiversité et estimé que Montréal devait assurer la protection des terrains à haute valeur écologique encore verts.

La Presse a tenté de joindre les promoteurs, hier, mais sans succès.

VERS UNE ENTENTE FORMELLE

Le parc-nature de l'Anse-à-l'Orme a été créé en 1984 par l'ancienne Communauté métropolitaine de Montréal. Cet espace vert relève aujourd'hui de l'agglomération de Montréal, qui regroupe les 15 villes défusionnées. Le dernier agrandissement remonte à 2015, alors que la métropole avait intégré au parc-nature les terrains du bois Angell, situés à Beaconsfield et à Kirkland.

La métropole note que l'agrandissement envisagé « n'aura pas d'effet concret tant que Montréal n'aura pas d'entente formelle avec les propriétaires, que ce soit pour une acquisition ou par bail », peut-on lire dans un document soumis aux élus.

Ce projet d'agrandissement s'inscrit dans la volonté de Montréal de préserver 10 % de son territoire. La Ville note que d'importants milieux naturels se trouvent en bordure de la rivière à l'Orme, « des terrains à forte valeur écologique qui méritent de recevoir un statut de protection ».

« On y retrouve une concentration de milieux humides (marais et marécages) recherchés par les amphibiens, les reptiles et les oiseaux aquatiques. Plusieurs plantes à statut précaire ont été répertoriées sur ces terrains. » - Un inventaire du site

Les bois du secteur abritent des cerfs de Virginie, et servent d'habitat pour un troupeau établi dans le secteur.

Les élus de l'agglomération seront appelés à se prononcer sur cet agrandissement en mai prochain. C'est à la suite de leur feu vert que la Ville compte entreprendre des démarches pour protéger ces terrains.

Projet Montréal milite depuis longtemps pour obtenir la préservation des espaces verts dans le secteur de l'Anse-à-l'Orme. En 2017, alors dans l'opposition, Valérie Plante avait appuyé les opposants du projet immobilier dans le secteur de Pierrefonds-Ouest. En campagne, le parti avait proposé de créer un « parc national urbain » de 360 hectares dans l'ouest de l'île y en intégrant le parc-nature de l'Anse-à-l'Orme.

À noter, l'ensemble des Montréalais pourront profiter du parc-nature d'ici quelques années puisqu'une station du Réseau express métropolitain (REM) doit être aménagée à Sainte-Anne-de-Bellevue, tout juste en face de l'entrée de l'Anse-à-l'Orme.