Le chantier du nouveau pont Champlain a été le théâtre de 52 accidents de travail, dont 11 (21%) qui ont entraîné des absences au travail pour les travailleurs blessés depuis le début des travaux, en avril 2015, selon des données fournies à La Presse par le consortium Signature sur le Saint-Laurent (SSL).

Malgré l'accélération récente des travaux nécessaires pour respecter l'échéancier d'ouverture du nouveau pont, repoussé au 21 décembre par Infrastructure Canada, SSL a réussi à maintenir un bilan de santé et sécurité relativement positif pour un chantier aussi important. Environ 1100 travailleurs sont présentement à pied d'oeuvre pour construire le nouveau pont Champlain, soit presque le double de l'an dernier.

Depuis le début de 2018, certains incidents ont quand même retenu l'attention, et ce, d'autant plus que des représentants syndicaux avaient émis des craintes que l'accélération des travaux engendre des conditions de travail dangereuses.

En janvier, un travailleur qui inspectait des travaux de soudure dans la structure du mât principal a fait une chute de plusieurs mètres dans une poutre-caisson. Blessé au dos et aux jambes, l'homme a dû être secouru à l'aide d'une grue de chantier parce qu'il se trouvait à l'intérieur d'une structure située à 35 mètres du sol.

Un mois plus tard, un autre travailleur a dû être évacué en ambulance vers l'hôpital après avoir été blessé à la tête par une pièce de plusieurs tonnes qui tournoyait sur elle-même alors qu'elle était transportée par une grue.

Plus récemment, une autre grue a heurté une ligne à haute tension. L'opérateur de la grue a heureusement pu sortir de sa cabine sans mal.

Pour Philippe Lapointe, chargé de communication à la FTQ-Construction, un chantier de construction demeurera toujours «un endroit dangereux». Le syndicat a toutefois obtenu de l'employeur, dans le cas précis du nouveau pont Champlain, qu'un conseiller syndical en prévention des accidents soit toujours présent durant les travaux, «ce qui permet d'éviter bien des situations».

«On s'entend qu'un seul accident de travail, c'est toujours un de trop, dit M. Lapointe. Par contre, pour un chantier de cette envergure-là, 52 accidents en trois ans, ce n'est pas beaucoup. Nous pensons que la présence de nos représentants y est pour quelque chose. On est relativement chanceux parce qu'il n'y a pas eu de décès, mais il y a quand même des drôles d'accidents qui sont survenus».

M. Lapointe indique qu'on a ainsi recensé des cas de barges instables sur le fleuve Saint-Laurent. Une grande partie des travaux de construction doit être réalisée à partir de ces barges présentes sur le fleuve, autour de la structure en construction. Il y a deux ans, un remorqueur a aussi coulé à pic alors qu'il déplaçait une de ces structures fixées au fond du fleuve par un pieu qui ne s'était pas relevé, comme il aurait dû le faire.

Bien que ce dernier incident n'ait pas fait de blessés, il a fait l'objet d'une enquête de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), ce qui a forcé l'immobilisation de nombreuses embarcations durant plusieurs jours.