Les commerces du centre-ville de Montréal pourraient bientôt pouvoir ouvrir de jour comme de nuit, et ce à longueur de semaine. L'administration Coderre en a fait la demande au gouvernement afin de donner un coup de pouce à l'économie de ce secteur de la métropole.

L'administration Coderre a présenté une demande au ministère de l'Économie afin que tout le secteur du centre-ville soit considéré comme une zone touristique. Un tel statut permettrait aux commerces d'ouvrir leurs portes 24 heures par jour, selon Montréal.

Pour l'heure, seuls le secteur du Casino sur l'île Notre-Dame, le Quartier chinois et le Vieux-Montréal ont le statut de zone touristique. Les nouvelles limites envisagées par l'administration Coderre étendraient ce territoire à tout le secteur commercial de la rue Sainte-Catherine Ouest, le Quartier des spectacles, le Quartier Latin ainsi que le Village gai.

« Nous sommes persuadés qu'une telle mesure aura un impact important sur l'activité économique à Montréal. Elle permettra d'offrir une meilleure offre commerciale à la fois à une clientèle de jour et de nuit qui est très présente sur un territoire où sont concentrés plusieurs attraits et de nombreuses activités », a dit le maire dans un communiqué.

Pour autoriser une zone touristique, le ministère de l'Économie dit évaluer la concentration d'hébergement commercial, d'activités ou attraits touristiques et forte présence de commerces s'adressant aux touristes.

Pas les bars

L'ouverture 24 heures des commerces ne touchera toutefois pas les bars, la Régie des alcools ayant pleine juridiction sur ceux-ci. Montréal a tenté l'an dernier de mener un projet-pilote pour étendre jusqu'à 6 heures l'heure de vente d'alcool, plutôt que le seuil de 3 heures imposé par la Loi, mais avait essuyé un refus. Le maire Coderre a depuis répété à plusieurs reprises qu'il comptait revenir à la charge.

Vérifications faites, la Régie des alcools dit ne pas avoir reçu encore de nouvelle demande.

Les régisseurs ont refusé la demande de Montréal en juin dernier, estimant que le projet avait été improvisé. Leur décision déplorait que la Ville se soit uniquement préoccupée du développement économique de son centre-ville, sans tenir compte de la tranquillité du secteur où résident des milliers de personnes. La Régie des alcools disait que l'idée d'étendre l'ouverture des bars pouvait être bonne, mais qu'elle ne l'autoriserait qu'après «l'examen d'une proposition sérieuse, réfléchie et documentée».

Il faut dire que la population a grandement augmenté ces dernières années. Après un important déclin de 1960 à 1990, le nombre de résidents du centre-ville est passé de 69 000 à 84 000. Ce secteur attire des gens âgés de 20 à 40 ans, qui composent la moitié de la population du secteur, selon les données de Montréal en statistiques.

L'opposition à l'hôtel de ville voit d'un bon oeil la demande, mais espère que Montréal ne se contentera pas de cette mesure pour relancer le commerce au centre-ville. «C'est une excellente nouvelle, mais il ne faut pas se faire croire que prolonger les heures d'ouverture va régler les problèmes du centre-ville. Ça ne règle pas le vandalisme, les problèmes sociaux. Il faut que ça s'inscrive dans vision plus large de ce qu'on fait avec le commerce», dit Glenn Castanheira, de Projet Montréal. Celui-ci espère aussi que l'extension des heures se limitera aux secteurs très commerciaux pour éviter de nuire aux résidents du quartier.

«Il ne fait pas répéter fiasco qu'on a vu avec les heures de bars», poursuit M. Castanheira en référence aux nombreuses craintes soulevées chez les habitants des secteurs où Montréal voulait prolonger la vente d'alcool. L'opposition souhaite également que la sécurité soit renforcée au centre-ville pour éviter les problèmes qui pourraient survenir.