Marcel Côté attribue à la «culture des villes de banlieue» les problèmes de collusion et de corruption qui ont miné Montréal depuis 10 ans. Disant vouloir relancer rapidement la Ville, le candidat à la mairie propose de négocier des sanctions avec les entreprises fautives pour leur permettre de retrouver le droit d'obtenir des contrats.

Dans une entrevue accordée à La Presse hier, l'aspirant maire s'est épanché sur le scandale de la collusion qui ébranle la métropole. «Ce dont Gérald Tremblay ne s'est pas rendu compte, c'est que la Ville a adopté la culture de gestion des petites villes de banlieue», déplore Marcel Côté.

Jugeant «anormal» ce qui est arrivé à Montréal, le candidat y voit la conséquence de la composition du conseil municipal, «dominé par d'anciens maires de banlieue qui ont amené les règles et procédures des anciennes villes de banlieues pour gérer une ville qui a un budget de 5 milliards». 

«Ce n'est pas les règles de Saint-Laurent, Saint-Léonard ou Anjou qu'il fallait; c'est beaucoup plus complexe», a lancé Marcel Côté.

Celui qui brigue la mairie à la tête de la Coalition Montréal dit vouloir «moderniser la structure de la ville-centre» sans pour autant toucher à la composition des 19 arrondissements.

Négocier des sanctions

Inquiet de voir la Ville réaliser seulement la moitié des chantiers planifiés, Marcel Côté dit vouloir négocier rapidement des sanctions avec les entreprises qui ont pris part à la collusion afin de leur permettre de recommencer à participer aux appels d'offres.

«Veut-on que l'embouteillage au pont Jacques-Cartier se règle vite ou veut-on récupérer la dernière cenne des entrepreneurs fautifs?», illustre Marcel Côté. Pour lui, la réponse est claire: «On veut punir les bandits, mais on veut garder les pépines.»

Pour retrouver le droit de soumissionner, les entreprises devront répondre à trois conditions. «Les individus impliqués dans les actes de malversation, les enveloppes brunes ou la collusion doivent être sanctionnés. Ça peut aller de l'exclusion à vie de l'industrie jusqu'à la suspension de trois mois pour des cas bénins. Il faut toujours tenir compte de l'importance de la faute.»

Les entreprises devront également accepter de verser une compensation à la Ville de Montréal. «Il faut qu'il y ait rétribution; la population le demande», dit Marcel Côté. 

Reconnaissant qu'il est «impensable» pour la Ville de Montréal de mettre en place un fonds de compensation, le candidat à la mairie estime que les entreprises pourraient plutôt être appelées à verser leur rétribution à un compte en fiducie de la Fondation du maire.

Enfin, le candidat réclame que les entreprises s'engagent à adopter un code d'éthique et des politiques de gouvernance et de conformité pour éviter que des malversations se produisent à nouveau.

Éviter la «judiciarisation»

Marcel Côté estime par-dessus tout que Montréal doit éviter de recourir aux tribunaux, voie présentement empruntée par la Ville, car il considère que cette avenue sera longue et ralentira la réfection des infrastructures. «Il ne faut pas tomber dans la judiciarisation de ces causes; ça ne permettrait pas à la Ville d'atteindre son premier objectif, qui est d'avoir des soumissionnaires. Si on commence à poursuivre et à exclure des gens, on va attendre longtemps pour nos travaux routiers.»

Marcel Côté n'a pas l'intention d'attendre que le gouvernement trouve une solution au problème de collusion à la suite de la commission Charbonneau. 

«Québec n'a jamais été brave lorsqu'il s'agit de Montréal. La seule grande décision [que le gouvernement a prise] a été de fusionner, mais, aussitôt qu'il y a eu du vent, ils ont défusionné pour refusionner. La seule qui a été brave, c'est Louise Harel. Regardez Jean Charest comment il a eu peur... Il ne faut pas s'attendre à ce que Québec vienne régler les problèmes de Montréal.»

Photo David Boily, La Presse