Alors que s'ouvre la saison de chasse au gros gibier dans de nombreuses régions de la province, les chasseurs sont invités à faire don d'une partie de leur récolte aux plus démunis. Hier, la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs a procédé à l'annonce de son nouveau programme Chasseurs généreux, offert en collaboration avec le réseau des Banques alimentaires du Québec.

COMMENT ÇA FONCTIONNE ?

Les chasseurs qui récoltent des bêtes peuvent faire un don de viande en confiant le débitage de leur gibier - le cerf de Virginie ou l'original - à un boucher certifié Chasseurs généreux. « Le boucher hache la viande, l'emballe sous vide et la congèle. Il est en lien direct avec la banque alimentaire de sa région qui assure la collecte et la distribution. Les dons recueillis dans une région sont redistribués dans cette même région. Les besoins sont criants, d'où notre volonté de nous impliquer », souligne Stéphanie Vadnais, porte-parole de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs.

UNE IDÉE DU BAS-SAINT-LAURENT

L'idée des dons de viande de gibier a germé, en 2013, dans la tête d'un petit groupe de chasseurs de la région du Bas-Saint-Laurent. « On chasse beaucoup, on récolte de la viande en quantité. On en donne habituellement à la famille, aux voisins, aux amis. Lors d'une conversation de salon, on s'est dit : "Pourquoi n'en donnerait-on pas aux gens qui en ont réellement besoin ?" », raconte Mario Ross. Ancien guide de chasse et propriétaire de boutiques de chasse et pêche, M. Ross a lui-même offert un chevreuil complet aux banques alimentaires de sa région. La Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs s'est inspirée de leur succès. « On ne pensait jamais que ça deviendrait aussi gros, à l'échelle du Québec », souligne M. Ross.

PROTÉINES DE LUXE

Depuis 2013, 3500 lb de viande de gibier ont été distribuées à des centaines de familles du Bas-Saint-Laurent. Le prix de la viande augmente en épicerie, et de nombreuses familles renoncent à cette source de protéines. « On reçoit très rarement des dons de viande. Grâce à des chasseurs, on a le plaisir d'offrir à nos familles une viande naturelle, maigre, de bonne qualité, indique Louis Vézina, directeur de Moisson Rimouski-Neigette, où l'on dessert de 450 à 500 familles par mois. « J'ai participé à une distribution de denrées dans la période de Noël. C'est incroyable de voir le sourire des gens. Pour eux, notre viande est un produit de luxe », confie Mario Ross.

QUELQUES LIVRES SUFFISENT

« Quelques livres peuvent faire une différence. Le chasseur donne ce qu'il veut », dit Stéphanie Vadnais. La Fédération québécoise de chasse et pêche suggère néanmoins d'offrir au minimum deux livres pour un cerf de Virginie et cinq livres pour un orignal. « On conseille les dons en viande hachée. C'est plus simple pour le boucher. C'est aussi plus facile à distribuer, à partager et à apprêter dans divers plats. »

LA CLÉ, C'EST LE BOUCHER

Plus de 40 boucheries et centres de débitage répartis dans toutes les régions du Québec participent au programme. « L'implication des bouchers est primordiale, on en voudrait plus », note Mme Vadnais. « Les bouchers qui y mettent l'énergie ramassent beaucoup plus de viande, note M. Ross. Neuf chasseurs sur dix arrivent chez le boucher sous l'effet de l'adrénaline, ils accepteront assurément de donner, mais il faut leur demander. Après, il est trop tard. »