Après avoir déposé hier au palais de justice de Montréal une demande d'autorisation en recours collectif pour une somme de 100 millions de dollars contre la Société de l'assurance automobile du Québec, des motocyclistes en colère promettent de pousser leur démarche plus loin. Ils déposeront dans les prochaines semaines deux nouveaux recours aux sommes «beaucoup plus élevées», et ce n'est qu'un début. La guerre est ouverte.

«Nous calculons présentement le montant de nos deux prochains recours collectifs. Le premier visera la hausse astronomique de la tarification en immatriculation, et le deuxième, la hausse des tarifs imposés aux propriétaires de motos antiques», a indiqué à La Presse le président du Mouvement des motocyclistes du Québec (MMQ), Denis Robert.

Son groupe a organisé vendredi une manifestation pendant laquelle une centaine de motocyclistes ont sillonné les rues du centre-ville de Montréal jusqu'au bureau de la première ministre Pauline Marois.

Sur place, ils ont rencontré le directeur des communications du cabinet de la première ministre, Julien Lampron, qui leur a promis d'informer Mme Marois de leur rencontre.

«La SAAQ traite les motocyclistes de manière injuste, discriminatoire et abusive. Notre industrie est en jeu», a dit Michael Mosca, pompier à la retraite, qui a déposé en 2011 un recours en jugement déclaratoire pour invalider l'augmentation du prix des immatriculations selon la cylindrée.

«C'est rendu que les concessionnaires vendent plus de tondeuses que de motos. Les motocyclistes contribuent à l'économie du Québec en voyageant ici. Si on n'arrête pas de les écoeurer, ils quitteront pour pratiquer leur sport ailleurs, comme en Ontario ou aux États-Unis», prévient le président du MMQ, Denis Robert.

La SAAQ garde le cap

«Nous sommes étonnés. En 2011, nous avons convenu de l'orientation des tarifs en assurance avec le front commun des motocyclistes. Pour notre part, on maintient le cap», a affirmé à La Presse le porte-parole de la SAAQ, François Rémillard.

Contrairement à ce qu'a affirmé le MMQ lors de la manifestation de vendredi, la société n'entend pas rencontrer le mouvement au cours des prochaines semaines.

«Chaque révision tarifaire est tirée de propositions venant d'un conseil d'experts qui tient préalablement des audiences publiques. Les dernières augmentations ne tombaient pas des nues. Elles avaient été discutées notamment avec le front commun des motocyclistes. C'est un processus rigoureux», a dit M. Rémillard.

Dans plus de 50% des accidents impliquant des dommages corporels, le motocycliste est le seul impliqué, dit le porte-parole de la SAAQ. Cette statistique expliquerait en partie pourquoi la société leur impose une cotisation en assurance sur leur permis de classe 6.

Cette position est entièrement rejetée par le MMQ, permettant de croire qu'une guerre de tranchées se dessine entre les motocyclistes et la SAAQ, à moins d'une intervention politique.

«C'est notamment ça que nous espérons avec la manifestation [que nous avons tenue]. La SAAQ doit arrêter de faire la sourde oreille», a dit l'avocat Hugo de Koulen, qui représente le MMQ dans ce dossier.