Les enquêteurs chargés de faire la lumière sur l'écrasement d'un avion de la Swissair au large des côtes de la Nouvelle-Écosse, il y a 10 ans, regrettent que la tragédie n'ait pas permis de faire progresser davantage la sécurité dans les transports aériens au Canada.

Les enquêteurs du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) affirment que 18 des 23 recommandations qui ont découlé de l'enquête sur cette tragédie ne sont toujours pas appliquées de façon satisfaisante.

« Je ne veux pas être alarmiste. Les transports aériens étaient sécuritaires avant l'écrasement de la Swissair et le sont encore plus aujourd'hui, mais nous espérions que les choses auraient avancé de façon beaucoup plus significative. C'est frustrant de voir que nous sommes toujours si loin après 10 ans », a relevé Jonathan Seymour, membre du BST, en entrevue à La Presse Canadienne.

Les 229 passagers du vol 111 ont perdu la vie le 3 septembre 1998 quand leur avion s'est abîmé dans l'océan Atlantique, près de Peggy's Cove, quelques minutes après que le pilote eut signalé de la fumée dans le cockpit. Dans un rapport de 337 pages publié en 2003, les enquêteurs ont conclu que les flammes avaient pris naissance dans un système électrique de l'avion et avaient pu se propager rapidement dans le fuselage en raison des propriétés très inflammables du revêtement du plafond. Depuis ce temps, toutes les sociétés aériennes ont retiré ce recouvrement de leurs appareils. D'autres matériaux isolants, qui échouent aussi à certains tests d'inflammabilité, se trouveraient encore aujourd'hui dans plusieurs avions pris par des milliers de Canadiens, estime M. Seymour.

L'expert en sécurité aérienne Daniel Adams considère, de son côté, que des progrès « majeurs » ont été effectués. Il rappelle qu'il n'y a eu « aucun autre incident du même genre » depuis 1998. « Les systèmes de détection de la fumée qui avaient fait défaut alors ont été corrigés. C'est la seule consolation que l'on peut tirer de ce genre d'incident. Cela fait toujours avancer l'aviation moderne », dit-il.

Avec La Presse Canadienne