Alors que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) tente de vendre ses services au secteur privé, la Sûreté du Québec (SQ) fait appel à la sous-traitance. Entre 2001 et 2008, la SQ a accordé près de 30 millions de dollars de contrats à des firmes de sécurité privées, a appris La Presse.

Au cours des sept dernières années, 126 contrats ont été conclus avec 38 firmes. Les gardes de sécurité engagés ont assuré la surveillance des bâtiments ainsi que le gardiennage des prévenus incarcérés temporairement dans les cellules de détention de la SQ.

«Est-ce nécessaire de mobiliser un agent de la paix uniquement pour faire de la surveillance? demande le chef du service des communications à la SQ, Gilles Mitchell. Essentiellement, nous avons recours aux firmes de sécurité pour libérer des enquêteurs et tenter de maximiser le travail de nos policiers.»

Les entreprises qui ont obtenu le plus grand nombre de contrats sont Garda, Sécurité Kolossal, Sécurité et investigation Optimum, Services de sécurité Riviera, Intro Sécurité Collective et Sécuritas Canada. Le plus lucratif a été remporté par Sécur-Action. La compagnie a reçu 6 901 285$ pour surveiller le quartier général de la police entre 2007 et 2012.

Même si plusieurs de ces entreprises font affaire dans les domaines de l'investigation, de l'écoute électronique et de la filature, Gilles Mitchell assure qu'elles font strictement du gardiennage avec la SQ.

Un marché qui rapporte

Selon le propriétaire de Services McKinnon, qui a signé un contrat de 3 297 000$ en 2007, le secteur public et parapublic est un marché très lucratif pour les firmes de sécurité privées depuis le début des années 2000. «C'est ça, l'industrie, en ce moment, dit Guy McKinnon. Hydro-Québec, la Société immobilière, les hôpitaux, les commissions scolaires, c'est le gros de ma business.»

Nathalie de Champlain, de Garda, abonde dans le même sens. «Ça s'inscrit dans une tendance globale, dit-elle. Nous sommes de plus en plus appelés à faire ce genre de contrats. Je pense qu'on peut ajouter une valeur au service public.»

Alors que les firmes de sécurité privées travaillent de plus en plus pour des institutions publiques, le SPVM tente au contraire d'intégrer le marché privé.

Paradoxalement, depuis un an, le nombre de contrats du SPVM a augmenté de 27% pour totaliser 2,3 millions de dollars. Les cadets de la police font même désormais concurrence aux firmes privées pour assurer la sécurité des grands événements de la métropole. Ils ont reçu près d'un demi-million en contrats cet été, dont celui du Festival Juste pour rire.

Contrairement aux policiers de la SQ, ceux du SPVM assurent également la surveillance des prévenus qui attendent leur comparution dans l'un de leurs quatre centres de détention.

Avec la collaboration de William Leclerc