Après la mort, mardi, d'un adolescent de 17 ans qui a été atteint d'une décharge de pistolet électrique par des policiers de Winnipeg, la famille d'une autre adolescente manitobaine est en plein processus de plainte contre la Gendarmerie royale du Canada. Est-ce habituel d'utiliser le pistolet électrique non seulement dans des situations d'urgence, mais aussi au poste de police?

La jeune femme - qu'on ne peut nommer parce qu'elle est mineure - a raconté au Winnipeg Free Press comment elle a reçu trois décharges électriques consécutives non pas en pleine rue, comme c'est arrivé à Michael Langan cette semaine, mais alors qu'elle se trouvait déjà au poste de police de la Gendarmerie royale du Canada, en novembre dernier.

Depuis, ses parents essaient de savoir pourquoi une telle force a été utilisée contre leur fille, qui a accepté de parler aux médias parce qu'elle a été fortement ébranlée par la mort de Michael Langan, dont le père assure qu'il avait une santé de fer.

Le 22 juillet 2003, Clay Willey, âgé de 33 ans, est mort dans un hôpital de la Colombie-Britannique. Seize heures plus tôt, il avait reçu une décharge de pistolet électrique à un bureau de la Gendarmerie royale du Canada. L'autopsie a conclu qu'il était mort des suites de sa très forte consommation de cocaïne.

En pleine intervention, pourquoi ne pas utiliser du gaz poivre? Et dans les cellules des postes de police, ne suffit-il pas de passer des menottes?

Et à Montréal?

Dans la rue, au coeur de l'action, Marc Parent, directeur adjoint au Service de police de la Ville de Montréal, répond que le gaz poivre n'est souvent pas suffisant. «Même une personne aspergée au gaz poivre peut continuer de courir et attaquer les policiers. Dans les cas où la personne a une arme blanche, le pistolet électrique est souvent plus approprié.»

Marc Parent indique que, à Montréal, les centres de détention où peuvent être dirigés les citoyens fraîchement arrêtés disposent aussi de pistolets électriques. «Ça peut protéger la personne contre elle-même. J'ai vu des cas où les personnes s'automutilaient, où elles se frappaient la tête contre les barreaux.»

M. Parent n'avait pas les données sur le nombre de fois où le pistolet Taser a été utilisé au poste de police à Montréal, mais il assure que c'est extrêmement rare.

Dix-huit Canadiens sont morts depuis 2003 dans les heures qui ont suivi leur arrestation à l'aide d'un pistolet électrique. Le cas le plus marquant a été celui de Robert Dziekanski, un Polonais fraîchement arrivé au pays, dont l'arrestation filmée par un badaud a fait le tour du monde.