C’est le plus vaste domaine skiable du monde. Un paysage de carte postale à couper le souffle, limite intimidant, soyons francs, pour les skieurs québécois du dimanche que nous sommes. Et puis une destination qui a tant à offrir, c’en est étourdissant. Nous avons passé sept jours en Savoie. On y serait restés un mois. Minimum !
D’abord, une confidence. Avant de nous envoler pour Genève (l’un des aéroports internationaux, avec Lyon, desservant la région), disons qu’on se faisait une image un peu folklorique du coin. Pensez Heidi rencontre Les bronzés font du ski. On a les références qu’on peut.
Et d’ailleurs, ça n’était pas totalement faux. Parce que bien sûr, il y a beaucoup de cela ici. En gros : quantité de chalets savoyards, de cimes enneigées, de copieux repas fromagés, le tout au royaume des Moon Boots et des combinaisons de ski similirétro, colorées et surtout une-pièce. Mais il y a tellement plus aussi.
Notre séjour a commencé à Genève, donc, où nous avons loué une voiture avant de nous diriger vers Annecy, pour pousser jusqu’à Tignes en passant par La Clusaz, Chamonix et Les Gets. Cette ultime destination, sise entre le lac Léman et le mont Blanc, mérite mention, faisant partie de ce qu’on appelle les Portes du Soleil, réunissant 12 (oui, 12 !) stations de ski à la fois françaises et suisses, un terrain de jeu de feu pour les amateurs, avec ses 600 km de glisse, pour, tenez-vous bien, moins de 60 euros (taxes incluses, soit environ 87 $) la journée. Comparez avec votre montagne québécoise préférée, et oui, comme nous, vous allez pleurer.
Ce n’est pas tout : au passage, et sur la route, on ne compte plus les petits villages authentiques traversés, nichés au creux des montagnes, plusieurs parmi les plus beaux de France. Au détour d’une route en lacets, soulignons Menthon, Megève ou Morzine, uniques et craquants à la fois, avec leurs clochers, boulangeries, cafés (châteaux, même !). Bref, leur vie. Où le verre de roussette (blanc) ou de mondeuse (rouge), des vins chouchous de Savoie, coûte curieusement moins cher que l’eau minérale. Passons.
Parlant de routes en lacet, un mot sur la conduite avant d’aller plus loin. Si vous prévoyez rouler ici l’hiver, armez-vous de pneus adaptés (d’hiver, même si les pneus quatre saisons sont tolérés), et surtout de chaînes (oui, des chaînes), ou sinon de chaussettes (oui, des chaussettes). Et ne soyez pas surpris si vous voyez des voitures arrêtées ici et là sur le bas-côté en train d’en installer. C’est chose commune ici quand il neige, et quoi qu’on dise, il finit toujours par neiger. Aussi, doublez le temps de conduite prévu. Parce qu’on ne roule pas sur une route avec des virages en épingle comme sur l’A20, disons.
Cherchez la neige
Le sujet sur toutes les lèvres lors de notre passage, mi-janvier, vous l’aurez deviné : la neige, justement. Ou plutôt le manque de. Depuis quelques années, c’est de plus en plus marqué : les trottoirs des villages restent gris plus tardivement, les montagnes, vertes. Et ça n’ira sans doute pas en s’améliorant, malheureusement. D’ailleurs, la saison de ski a été écourtée un peu partout. Tignes a même dû renoncer à son slogan, qui promettait jadis « le ski, 365 jours par an ». Son fameux glacier de la Grande Motte, à 3656 m d’altitude, fond à vue d’œil et les descentes ne sont plus possibles toute l’année. Ce qui ne veut pas dire que l’endroit ne soit plus une destination de choix, tout le contraire. À preuve : le Club Med vient d’y ouvrir un énième établissement (le 15e dans les Alpes !), plein à craquer quand nous y sommes passés, et les hôtels poussent ici comme des champignons.
C’est qu’il y a beaucoup à faire dans la région. Outre le ski, été comme hiver, et à notre grande et agréable surprise : ski de fond, raquette, randonnées en quantité, vélo l’été, mais aussi toutes sortes d’activités bien-être, dont plusieurs drôlement inusitées. On vous en parle plus loin. Et que dire de la gastronomie. Une cuisine autour du fromage, bien sûr, mais tellement plus. De la grande cuisine, loin, très loin de nos idées stéréotypées. Ça aussi, on vous en parle plus loin.
Et puis, si vous voulez être sûr de pouvoir arpenter les pentes (et quelle expérience à vivre !), un conseil d’ami : ciblez une montagne en altitude (plus de 2000 m) ou évitez simplement le début de saison (décembre, tout en oubliant soigneusement février, le mois des vacances scolaires françaises). Mi-janvier, tout a en effet changé, carrément sous notre nez, et avec une bonne bordée bien méritée. La Clusaz ou Les Gets, par exemple, des villages à de plus basses altitudes, se sont littéralement métamorphosés en quelques heures, passant de l’anormalement vert au tout blanc. Voitures ensevelies et sapins chargés d’un lourd manteau inclus.
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Autre conseil d’ami : si c’est une première en zone alpine pour vous, offrez-vous un moniteur. Ça n’est pas un luxe quand on sait que les stations ont souvent plusieurs massifs, des dizaines de pistes, et autant de remontées. Avec des noms à coucher dehors, et surtout impossibles à retenir. En tout cas pour nous. Tenez, à Tignes, où l’on n’a pas lâché d’une semelle (pardon, d’un ski) notre moniteur, les remontées, au nombre de 79, portent les jolis noms de Palafour, Chardonnes, Chardonnet, ou, notre préférée, Aiguille Percée. Bonne chance pour vous y retrouver, quand on sait que pour nous rendre à notre rendez-vous pour dîner, par exemple, nous avons mis deux bonnes heures, chrono, avec plusieurs pistes – « flexions, extensions ! » – et autres remontées au compteur. Un projet en soi, carrément, dans cette station qui n’affiche rien de moins que 300 km de pistes. Étourdissant ? Époustouflant. Surtout avec ce crochet hors piste, un détour dans un bucolique village (oui, en ski, littéralement), puis ce mur blanc, et cette visibilité quasi nulle (au grand désespoir de l’ami photographe !), disons que les émotions fortes étaient au rendez-vous.
Des émotions qu’on a digérées avec une délectable fondue savoyarde, bien sûr. Quoi d’autre ?
Une partie des frais de ce voyage ainsi qu’une partie des frais de transport vers la France ont été payés par Atout France et Air France, qui n’ont exercé aucun droit de regard sur le contenu de ce reportage. À noter qu’Air France offre deux vols par jour à destination de Paris, l’hiver, avec des correspondances possibles vers Genève et Lyon.
Bonnes tables
On connaît tous la fondue, la raclette et la tartiflette. Mais il y a tant d’autres bonnes choses à se mettre sous la dent dans les Alpes. En vrac, et pour vous faire saliver, six bonnes tables.
Le Ricochet, le restaurant du nouvel hôtel Le Rivage, à Annecy