Voyager, c’est comme rouler sur une route de montagne. Mais parmi les hauts et les bas, il restera toujours ces souvenirs indélébiles qu’on emporte avec soi toute sa vie. La Presse raconte les aventures, petites ou grandes, de voyageurs qui n’ont pas froid aux yeux. Aujourd’hui : un retraité qui a tout vendu pour parcourir le monde.

Dès qu’on a ouvert le courriel de Pierre Cormier, on a voulu en apprendre plus sur son histoire. « J’ai décidé de voyager à temps plein », écrivait-il dans son intrigant message.

L’été dernier, l’homme de 66 ans a vendu sa maison et a donné la quasi-totalité de ses biens pour vivre pleinement sa passion des voyages.

Pourquoi a-t-il choisi de devenir nomade ? « J’ai toujours aimé voyager », répond Pierre Cormier, en entrevue téléphonique lors d’un court passage au Québec. Parmi les éléments qui ont nourri sa décision, il nomme « la curiosité, l’envie de connaître le monde, les gens, les cultures et les coutumes ».

Ce globe-trotteur qui a visité près d’une cinquantaine de pays depuis son adolescence trouvait que sa « grande maison était devenue comme un boulet ». En étant propriétaire, le veuf, père d’un garçon aujourd’hui adulte, avait l’impression de ne pas pouvoir partir quand bon il lui plaisait, « parce qu’avec une maison, il y a toujours des choses à faire ».

« De me départir de mes choses, ç’a été du bonheur d’un bout à l’autre », soutient-il.

Aujourd’hui, il a moins de responsabilités et bénéficie d’une grisante liberté qui lui permet non seulement de voyager où il veut, mais aussi de prendre le temps de se déposer là où il le souhaite. « Oui, je suis en voyage, mais je vis où je suis. […] Je n’ai pas besoin de visiter 23 affaires tous les jours pour être satisfait. »

Le long du fleuve Mississippi

PHOTO FOURNIE PAR PIERRE CORMIER

Le lac Itasca, au Minnesota, source du fleuve Mississippi

Il a commencé à embrasser ce nouveau style de vie en septembre dernier lors d’un voyage le long du fleuve Mississippi. C’est ce voyage aux États-Unis qu’il souhaitait raconter à La Presse.

« J’ai eu cette envie de longer ce fleuve mythique. C’est une voie navigable hyper vivante. Je voulais la suivre d’un bout à l’autre, puis c’est ce que j’ai fait », explique-t-il, tout bonnement.

Pendant environ cinq semaines, il a emprunté les routes bordant le cours d’eau, en partant du nord jusqu’au sud. Sa Hyndai Elentra Touring lui servait non seulement de moyen de transport, mais aussi d’hébergement. « J’étais habitué à ce confort-là. C’est certain que ce n’est pas un gros Winnebago, mais pour moi, ça me suffit », dit celui qui avoue que son mode de vie peut s’apparenter à de la simplicité volontaire.

Arrêts coups de cœur

PHOTO FOURNIE PAR PIERRE CORMIER

Des comédiens personnifient les héros des Aventures de Tom Sawyer, à Hannibal, au Missouri.

Parmi ses arrêts coups de cœur le long de son parcours, il nomme le River Road African American Museum, à Donaldsonville, en Louisiane. « C’est tout petit, mais c’est chargé en émotions et en artéfacts. […] C’est un musée qui raconte l’histoire des Noirs dans les alentours de Donaldsonville », explique-t-il.

Au Missouri, dans la « très jolie petite ville » de Hannibal, il a visité la maison d’enfance de Mark Twain, créateur des Aventures de Tom Sawyer. « Là-bas, tout tourne autour de Tom Sawyer et de son auteur. C’est un bel endroit pour arrêter quelques jours », affirme-t-il.

Autre coup de cœur : la ville de Vicksburg, au Mississippi, théâtre d’importantes batailles lors de la guerre de Sécession. « Pour quelqu’un qui passe par là, c’est un incontournable. Il faut arrêter là parce que c’est un endroit rempli d’histoire. »

Rencontres marquantes

Mais au-delà des lieux historiques où il s’est arrêté, ce sont surtout les rencontres que Pierre Cormier a faites tout au long de son parcours qui l’ont marqué.

Il parle entre autres des deux bénévoles qui l’ont reçu à l’ancienne écluse de Plaquemine, en Louisiane. « Ils ont été d’une gentillesse ! Je ne sais pas si c’est le fait de vivre sur le bord de l’eau qui fait que les gens sont smooth comme ça, mais je pense que ça peut y contribuer. Tout le long du fleuve, je n’ai jamais senti d’agressivité. […] Tout le monde est ouvert », constate-t-il.

Sur son chemin, il a également rencontré de nombreux pêcheurs. « J’arrêtais le long de ma route quand je voyais quelqu’un en train de pêcher », confie le voyageur. Aborder ainsi de parfaits étrangers ne le gêne-t-il pas ? Au contraire. « Quand on approche les gens, qu’on leur pose des questions sur leur environnement, ils sont tout le temps super contents de nous répondre. Les gens aiment faire partager leur savoir », répond, convaincu, celui qui, au gré de ses voyages, s’est fait des amis un peu partout dans le monde.

Lors de notre appel téléphonique, Pierre Cormier revenait d’un séjour de deux mois en Malaisie, où il s’était rendu pour assister au Thaipusam, une fête hindoue. Il passait quelques semaines au Québec avant de s’envoler pour les Philippines.

Combien de temps souhaite-t-il vivre cette vie de nomade ? « Je n’ai pas d’objectif », répond-il. Il est conscient que s’il quitte le Québec trop longtemps, il ne sera plus couvert par le régime d’assurance maladie. « Mais je ne vois pas pourquoi ça m’empêcherait de réaliser mes rêves », réfléchit-il tout haut.

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