Pour voir quoi, découvrir qui, finalement ? Vous avez été nombreux à réagir à notre question sur le sens des voyages. Voici quelques réponses reçues, pour poursuivre la réflexion.

En 1974, il y a 50 ans, je revenais d’un premier tour du monde avec 15 $ en poche. […] Voyager, pour donner un sens à l’expérience, c’est sortir de sa zone de confort pour se débrouiller avec les moyens du bord dans un nouvel environnement, c’est-à-dire vivre le plus près possible de la réalité locale, se perdre dans la foule et laisser place à l’imprévu. À 76 ans, le corps impose ses limites, mais vivre vieux n’est pas un objectif. Vivre intensément demeure à l’ordre du jour.

Gérard Coderre

Je voyage au Québec et ailleurs dans le monde depuis 35 ans. Depuis le début, ma femme, mes enfants et moi profitons au maximum de nos activités. Nous sommes souvent les premiers arrivés le matin et les derniers partis le soir, sans compter que lorsqu’il y a des billets coupe-files, nous les prenons, car on sait qu’on va manquer de temps. Lorsque je parle avec des gens ayant visité les mêmes endroits que moi, j’ai malheureusement l’impression qu’ils n’ont rien vu. […] Les voyageurs sont tout sauf monolithiques.

André Bourassa

En 2015, notre fils s’est marié avec une Française. Nous sommes donc allés en France un mois, mais à notre rythme. Je suis tombée en amour avec le mot “voyage”, avec la France. Nous y sommes retournés deux mois en 2016, puis un mois en 2017-2018. On en a vu, du pays, ç’a été fabuleux pour deux fervents d’Histoire. Nous nous y sommes fait des amis qui nous ont visités à quelques reprises et avec qui nous entretenons une belle amitié. Cette année, nous devions partir un mois pour l’Italie. Le 11 décembre, on m’a diagnostiqué un cancer des ovaires incurable de stade 4. J’ai demandé qu’on me laisse tranquille et j’ai pleuré lourdement sur ce voyage. Nous avons voyagé pour le plaisir de la découverte, de l’autre, du bâti, de l’Histoire, du vivre, et toujours dans le respect de l’environnement. Chaque fois, nous avons envoyé une contribution à l’Université de Rimouski pour nos dépenses en carbone. Ces voyages sont un doux souvenir dans mon cœur qui adoucit ma fin de vie.

Josiane Archambault

Cette critique du tourisme n’est pas nouvelle. […] J’ai chez moi un petit livre aussi pamphlétaire que jouissif, L’extricable, publié en 1963 par Raymond Borde, écrivain et critique de cinéma français, où l’on peut lire : “Aujourd’hui, je propose que les municipalités donnent vingt francs par tête de touriste abattu. À condition de se poster aux bons endroits, le touriste est plus facile à exterminer que la vipère. […] D’ailleurs on repère l’animal en question avec la plus extrême simplicité. Il se déplace en voiture, s’agglutine à d’autres voitures et reste en bande. […] Il est gueulard, vulgaire, il fait l’Espagne parce qu’on fait l’Espagne et qu’il n’est rien de plus, rien de moins que ce on. […] C’est un chien.

Jean-Sébastien Marsan

Pourquoi voyager revient à se demander pourquoi respirer. […] Voyager est un art, aussi bien qu’une culture, d’aller à la rencontre de l’autre […]. Quelle chance magnifique la vie m’a donnée de pouvoir aller rencontrer ces peuplades reculées aux Philippines, dans les rizières en terrasses, et voir tant de labeur pour une poignée de riz. Quelle leçon de modestie nous avons eue dans ce bidonville de Casablanca, à deux pas d’hôtels de luxe et de confort dégoulinant. Voyager n’est bien sûr pas que ça. C’est aussi des rêves enfouis au plus profond de soi et qui, un jour, refont surface, les moyens aidant. Je me souviens, alors en culottes courtes, écouter religieusement à la radio […] les aventures et mésaventures de ce grand navigateur qu’était Bernard Moitessier. La piqûre du voyage venait de naître en moi et ne m’a jamais plus quitté.

Daniel Baudet

Je trouve que l’on voyage trop et mal et qu’on devrait voyager plus local en respectant l’environnement comme les Suédois ont commencé à le faire. On pourrait également suivre les recommandations du GIEC, soit un voyage en avion de moins de trois heures tous les trois ans et un de plus de trois heures tous les huit ans… Comme ça, on pourrait mieux choisir ses voyages et aller où on a vraiment envie d’aller…

Francine Paquet

J’ai été fascinée dans mon jeune âge par Expo 67. J’ai su alors que je voyagerais. Je fais un ou deux voyages par année, dont un en Europe. Mes voyages sont culturels. Je fais partie des personnes qui visitent les musées du Québec. Alors oui, en voyage, je vais dans des musées et je vois des spectacles. J’organise moi-même mon voyage sur plusieurs mois. Il y a toujours en moi cette soif de découvrir que j’ai éprouvée à 10 ans à Terre des hommes.

Louise Girard

Lisez notre article « Pourquoi voyage-t-on, au juste ? »