Du poteau de Sesame Street au tutu de Carry Bradshaw en passant par les notes de Jimmy Hendrix ou de Martin Scorsese (réalisateur du mythique Taxi Driver), sans oublier quelques extraits bien sentis de la série Seinfeld... Les artefacts qui ont marqué l’imaginaire collectif et construit une certaine idée que l’on se fait de New York et de ses New-Yorkais ne manquent pas dans ce musée moins connu de la ville, pourtant voué à sa célébration depuis un siècle. L’expo This Is New York vaut assurément le détour.
« Les gens de partout dans le monde ont une certaine connexion à New York, explique la commissaire de l’exposition, Sarah Henry, en entrevue. C’est dû à toutes ces représentations de la ville à travers les arts et la culture populaire. Notre exposition explore toutes ces représentations et cet esprit de New York, qu’on porte en chacun de nous. »
On ignorait jusqu’ici son existence, et pourtant. Située un chouia au nord du Met (Metropolitan Museum of Art), face à Central Park, l’institution, fondée en 1923 par l’historien Henry Collins Brown, propose un chouette et instructif historique de la ville, d’hier à aujourd’hui. À découvrir un jour de pluie, de canicule ou pour une pause de marche bien méritée. Et Dieu sait si l’on peut marcher dans cette ville !
Si l’expo permanente mérite assurément un temps d’arrêt (notamment ce documentaire sur l’histoire de New York, de 1609 à nos jours, Timescapes), c’est surtout l’exposition temporaire sur la ville à travers les arts en général, et la culture populaire en particulier, qui vole la vedette.
Pour cause : sur un étage complet, c’est New York en tant que muse qu’on nous présente ici. On a tenté l’impossible, soit de cerner par thèmes les sources variées d’inspiration, pour y retrouver le « tempo » de la ville, sa musique ou ses incontournables destinations, à travers les yeux d’un Edward Hopper ici, du New Yorker là. Une section permet en outre de lire des extraits de romans ou de visionner des bouts de séries. À noter que la série Friends brille par son absence. « On ne pouvait pas tout inclure, explique Sarah Henry. Par contre, nous avons inclus la série Living Single, laquelle a entre autres inspiré Friends, et dans laquelle la représentation de New York était sans doute beaucoup plus authentique. » Comprendre : avec une distribution plus diversifiée.
Une autre section, vouée cette fois aux chansons de New York, permet aux visiteurs de choisir un quartier en marchant littéralement sur une carte projetée au sol. On y entend tantôt Paul Simon (dans Queens), Charlie Bennett (Staten Island) ou Jennifer Lopez (Bronx).
Le clou de l’expo est toutefois ailleurs, dans cette grande salle immersive, baptisée You Are Here, où sont alignés 16 écrans, projetant en simultané des extraits de quelque 400 films, indépendants ou superproductions, documentaires ou œuvres expérimentales.
New York apparaît alors de nouveau sous toutes ses coutures, à travers des scènes de la vie quotidienne, du métro au boulot en passant par ses taxis jaunes ou ses minuscules appartements, jusqu’à différentes explorations de l’apocalypse dans la ville, du drame à la science-fiction et à la comédie musicale. Pensez King Kong, Ghosbusters, mais aussi Sid & Nancy, pourquoi pas Crocodile Dundee ou When Harry met Sally, sans oublier Breakfast at Tiffany’s, Fame, Hair, Saturday Night Fever, en voulez-vous, en voilà ! L’expérience s’avère aussi étourdissante qu’hypnotisante, assurément séduisante. Et c’est voulu, évidemment.
« On souhaitait inspirer les visiteurs à voir la ville différemment, avec de nouveaux yeux et de nouvelles oreilles », explique la commissaire, qui ne cache pas le travail de moine réalisé par son équipe. « Cette exposition est l’occasion de voir la ville sous un nouvel angle. » Mission accomplie.
This Is New York est présentée au Musée de la Ville de New York jusqu’au 21 juillet.
La salle immersive You Are Here sera ouverte au public pour une période prolongée, indéterminée.
Consultez le site du musée (en anglais)