Selon la croyance populaire, les roux seraient plus moumounes que les autres, parce qu'ils ressentent davantage la douleur. Or, en 2003, le Dr Jeffrey Mogil, directeur de la chaire de recherche sur la douleur de l'Université McGill, a fait une découverte très étonnante sur la question. Rousseur, douleur, ADN et génétique: les roux, nouvelle race de X-Men?

D'abord, peut-on dire qu'il existe un gène de la rousseur?

Oui, tout à fait, mais il n'est pas responsable de la rousseur de tous les roux, seulement de celle de 85 % d'entre eux - le 15 % restant, nous n'en sommes pas certains! Ce gène, on l'appelle MC1R. Cependant, il présente de nombreuses mutations, ou variantes, ce qui explique pourquoi les roux n'ont pas tous la même rousseur.

Quelle est la découverte que vous avez faite relativement à ce fameux MC1R?

Au départ, nous voulions déterminer quel gène était responsable de la différence de réponse à un analgésique en particulier. Nous avons découvert que le MC1R jouait un rôle certain dans la perception de la douleur. Mais ce gène serait également lié à plusieurs autres choses, comme les taches de rousseur, l'inflammation, les risques de cancer, la réponse à l'anesthésie ou à certains antidouleurs... 

Et puis, est-ce vrai que les roux sont plus douillets que les autres?

Justement, non! Nous avons découvert, d'une part, que les roux étaient moins sensibles à la douleur, et d'autre part, qu'ils étaient plus réceptifs à une certaine forme d'analgésique. Donc... deux bonnes choses, non?

Donc, c'est comme si les roux étaient des X-Men avec une génétique étanche à la douleur?

Non, vraiment pas.

Mais vous pulvérisez tout de même le mythe qui veut que les roux sont plus sensibles à la douleur...

Je ne sais pas trop d'où ce mythe provient, d'ailleurs. L'émission Mythbusters a consacré un segment à ce sujet, et en effet, ils ont présenté ça comme si les roux étaient prétendument plus sensibles à la douleur.

Comment ça se fait?

Il y a un groupe de recherche américain, le Sessler Group, qui a découvert que les roux répondaient moins bien à l'anesthésie. Les anesthésistes suspectaient d'ailleurs ce phénomène depuis longtemps, puisqu'en se parlant entre eux, ils avaient réalisé que les roux étaient généralement plus difficiles à «geler». Ces chercheurs sont donc arrivés à des conclusions contraires aux nôtres. On ne sait pas trop pourquoi; peut-être est-ce dû au fait que nous, on étudiait la sensibilité aux chocs électriques, et eux, à la chaleur, ce qui a créé des variations dans la définition même de la résistance à la douleur.

Mais dans leur vie concrète de tous les jours, les roux sentent-ils vraiment une différence? S'ils se blessent, le ressentent-ils «moins»?

Probablement pas. Dans notre étude, par exemple, sous conditions contrôlées, les roux semblaient tolérer 25% plus la douleur que les non-roux. Mais qu'est-ce qu'une différence de 25%, en réalité? C'est relatif. Je crois qu'à travers l'histoire, les roux ont davantage été perçus comme des toughs, avec un fort tempérament, chose qu'on pourrait attribuer à une plus grande tolérance à la douleur... But who knows!