Travailler, partir en voyage ou se la couler douce... Ce sont là quelques options qui s'offrent aux étudiants durant la belle saison entre deux années scolaires. Au-delà des emplois étudiants typiques en camp de vacances, en restauration ou en épicerie, on peut aussi envisager un boulot qui sort un peu plus de l'ordinaire. Et qui pourrait même faciliter un futur choix de carrière.

Trois profils, trois projets

Ils ont choisi un emploi hors de l'ordinaire ou encore qui les force à repousser leurs limites, se dépasser et sortir de leur zone de confort. Rencontre avec trois étudiants pour qui l'été rime avec passion, plaisir et... travail.

Lola Gravel, 23 ans, monitrice de surf et planche à pagaie

Habituée à travailler dans la restauration et l'événementiel, Lola Gravel était loin de se douter qu'elle deviendrait un jour monitrice de surf à Montréal. Pour une troisième saison, elle travaille avec l'entreprise KSF.

Son emploi d'été s'échelonne sur six mois, de mai à octobre. Cette année, la jeune femme a plus de responsabilités administratives au sein de l'équipe de KSF et ses nouvelles tâches lui permettent de lier le travail, les études et la passion pour le surf. Une combinaison d'une importance capitale pour Lola Gravel.

«La job que je fais est liée avec ma passion. C'est mon objectif de trouver un emploi où je vais pouvoir poursuivre mes passions comme travailler dans un pays où je pourrais surfer.»

«J'ai fait un échange étudiant en Australie et ça m'a permis de surfer chaque jour. Ce n'est pas nécessairement le lien entre le travail et le surf, c'est surtout le mode de vie», nuance la jeune femme.

Tout juste diplômée en administration, profil carrière internationale, elle garde un oeil sur les programmes de deuxième cycle. D'ici là, elle se promet un été de plaisir, de belles rencontres et du meilleur de ce que Montréal a à offrir. Tout ça, en occupant un emploi qui lui plaît au plus haut point: «KSF est une entreprise qui me donne envie de travailler. Chaque été, c'est une raison pour moi de rester à Montréal. L'équipe aussi y contribue, on est des jeunes qui adorent le surf, c'est vraiment super, l'ambiance d'équipe. On le fait pour transmettre notre passion.»

Eryk Olivier, 14 ans, développement d'une identité visuelle

Cet été, le jeune Eryk visitera la Pologne pour la deuxième fois. Cette fois-ci, c'est pour donner un coup de main à son oncle à la tête d'une entreprise d'importation et d'exportation de produits. «Je vais aller l'aider à faire le rebranding de sa compagnie. Le logo, le site web, etc. Ça fait environ huit ans que l'image est la même, c'est un peu vieux. Je vais m'occuper de ça et je vais aussi apprendre les opérations quotidiennes de la compagnie», explique l'adolescent.

Même s'il n'a pas peur des défis, Eryk admet qu'il devra en relever un de taille.

«J'aimerais beaucoup développer une application plus tard, l'an prochain peut-être. Pour ça, je vais avoir besoin de capitaux. Alors, je veux prouver à mon oncle que je suis capable de bien travailler, de monter une entreprise.»

L'adolescent, qui parle l'anglais, le français, l'espagnol et le polonais, n'en est pas à son premier projet dans la cour des grands. Après avoir vendu des cartes de Pokémon à l'école, il s'est attaqué au marché en ligne. «Quand j'ai vu que mon oncle vendait des choses en ligne, donc à un public beaucoup plus grand, j'ai été très impressionné. J'avais 12 ans quand il m'a présenté ça. J'ai commencé à faire mes recherches : les sites de référence, enrichir mes connaissances, lire des livres et regarder des vidéos pour savoir comment faire le commerce en ligne. J'ai essayé avec des étuis d'iPhone en les important de Chine pour les vendre en ligne et sur eBay.»

Photo Olivier PontBriand, La Presse

Eryk Oliver ira en Pologne cet été pour donner un coup de main à son oncle à la tête d'une entreprise d'importation et exportation de produits.

Ève Pelletier, 18 ans, pâtissière

Elle termine tout juste ses études secondaires et se prépare à entrer au collégial en arts médiatiques. D'ici là, elle travaille comme pâtissière au restaurant tenu par sa mère. Ève Pelletier voit un lien direct entre ses intérêts professionnels et les gâteaux qu'elle prépare. «C'est créatif, ce que je fais. Ma mère accorde beaucoup d'importance à la présentation des choses. C'est sûr que mon côté artistique m'aide à bien présenter mes pâtisseries.»

Elle n'a pas encore d'idée arrêtée sur ce qu'elle souhaite faire plus tard. La jeune femme se décrit comme étant en période d'exploration.

«Mes deux parents ont des côtés artistiques vraiment développés. J'ai grandi dans ça. Je sais que je veux un métier artistique, ça fait partie de moi. Je vais trouver quelque chose en cours de route, sur mon parcours.»

Ève travaille aussi pendant l'année scolaire. «Ça fait un an que j'ai des responsabilités puisque je suis en appartement et que je vais à l'école et que je travaille. C'est certain que ma vie sociale est différente d'avant. C'est stressant un peu, mais ma mère est là pour m'aider. Elle m'épaule à travers ce parcours de début de vie d'adulte.»  En plus de son travail de pâtissière à temps partiel, elle cherche aussi un emploi dans un café pour la saison estivale.

La jeune femme a été sous-officière dans les cadets. Puis, tout récemment, on lui a remis la Bourse du Commissaire à la Ville de Montréal qui soulignait sa persévérance au niveau scolaire. «C'est une belle motivation. On voit les résultats positifs que ça apporte.» Après six ans de travail en restauration, Ève Pelletier aura une belle feuille de route à présenter lorsqu'elle sera invitée à sa première entrevue.

Photo Bernard Brault, La Presse

Après six ans de travail en restauration, Ève Pelletier aura une belle feuille de route à présenter lorsqu'elle sera invitée à sa première entrevue.

Mieux se connaître pour l'avenir

Lorsque l'on est étudiant, un travail d'été est un pas de plus vers le monde adulte. Un emploi qui fait le pont entre deux années scolaires peut aider les jeunes à mieux se connaître et à faire des choix réussis sur le plan professionnel.

«Certains, vraiment jeunes, 5e ou 6e année, cherchent déjà des petits boulots. Ceux-là, dès qu'ils seront en âge de travailler et d'avoir un salaire, seront attirés par un emploi d'été. Pour d'autres, ça arrivera plus tard. Ils auront plus le goût de prendre leurs étés plus relax, même jusqu'en 4e ou 5e secondaire. C'est correct aussi. Chacun à son rythme», explique Catherine Pelletier, conseillère en orientation au niveau secondaire. L'important, selon elle, c'est que les adolescents, s'ils ne travaillent pas, demeurent dans l'action et aient des petits projets.

Expérimenter

Au secondaire, et même au collégial, il n'y a pas d'urgence à dénicher un emploi d'été qui est en lien avec certaines aspirations professionnelles. «Pour faire un choix professionnel, il faut bien se connaître. Le mieux à cet âge-là, c'est de faire des expérimentations et se découvrir. Juste occuper un emploi étudiant, sans nécessairement savoir s'il y a un lien avec ce qu'on va faire plus tard, ça offre une expérience et à partir de ça, la personne peut cheminer», ajoute Mme Pelletier.

Qui suis-je?

La conseillère en orientation Geneviève Dumais, qui travaille avec des élèves du collégial, abonde dans le même sens. «Pour identifier ce qu'on veut, ce qui est important pour soi, nos forces, nos qualités, nos façons de fonctionner pour être bien et efficace, on ne peut pas apprendre ça juste dans les salles de cours. Il faut s'observer dans différents contextes», explique-t-elle. C'est ainsi que l'emploi d'été devient important puisqu'il permet à l'élève de mieux savoir ce qu'il aime (ou pas) et de se retrouver dans des situations qui lui étaient jusqu'à présent inconnues.

Voyager ou travailler?

Pour certains étudiants de niveau collégial ou universitaire, le choix est difficile entre partir en voyage ou travailler pendant l'été. Il faut garder en tête que le voyage est aussi une autre façon d'apprendre à trouver sa voie, «pourvu que l'étudiant se mette dans une situation pour se déstabiliser, pour sortir de sa zone de confort et être capable d'utiliser ses forces», prévient Mme Dumais. En plus d'avoir le potentiel de se transformer en expériences mémorables, les voyages permettent de gagner de la confiance en soi, de découvrir le monde et de s'ouvrir aux autres cultures. Et puis, pourquoi ne pas essayer de combiner les deux, le travail et le voyage?

Pour les étudiants, l'été est une occasion unique d'en apprendre plus sur soi, et ces expériences de travail ou de voyage peuvent grandement faciliter le choix de carrière. «Ce n'est pas juste de lire des livres d'informations, c'est savoir comment on réagit en situation, comment on est au meilleur de soi-même, quel contexte ça prend pour que je puisse utiliser mes meilleures forces. Quand on utilise nos forces et qualités, on se sent bien, on a confiance en soi, et ça permet d'avancer», conclut Geneviève Dumais.

Choisir de ne pas travailler

Il ne faut pas s'inquiéter outre mesure si son enfant n'a pas envie de travailler. «Je comprends que, comme parent, on se demande pourquoi. On se dit qu'a son âge, on aimerait bien ça, avoir de l'argent pour se payer des affaires. L'important, c'est que le parent puisse en discuter avec son jeune pour voir ce qu'il prévoit faire pendant l'été. Si, en 4e ou 5e secondaire, il ne veut pas travailler, il faut au moins qu'il soit dans l'action, qu'il ait un objectif dans son été. Ça peut être inquiétant pour un parent de voir son jeune qui ne travaille pas ou n'a pas de projet. C'est donc d'aider son jeune à se trouver quelque chose qui va mettre en valeur sa personnalité ou son savoir-faire. Ça peut être aussi simple que d'aider son grand-père à construire une galerie ou apprendre l'anglais», explique Mme Pelletier.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

En plus d'avoir le potentiel de se transformer en expériences mémorables, les voyages permettent de gagner de la confiance en soi, de découvrir le monde et de s'ouvrir aux autres cultures.

Dénicher un boulot intéressant

Pour trouver un emploi, les gouvernements provincial et fédéral offrent des services de placement où peuvent connecter ensemble employeurs et étudiants. Le site Placement en ligne, au Québec, est une porte d'entrée incontournable pour un emploi d'été.

Le Placement en ligne permet aux entreprises, dans une approche libre-service, de profiter d'un service gratuit et accessible en tout temps. Par son entremise, ils peuvent «afficher leurs offres d'emploi étudiant et de stage rémunéré, recevoir des courriels du service Alerte-Candidat ! leur signalant des candidatures en particulier, obtenir de l'aide pour publier leurs offres d'emploi et consulter une banque riche de plusieurs milliers de candidatures», nous explique-t-on au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale.

La page Facebook Emploi étudiant au Québec, suivie par plus de 40 600 personnes, est une autre façon de mettre en contact employeurs et étudiants. Plusieurs fois par semaine, des offres d'emploi y sont affichées, et une panoplie de conseils et informations sont également partagées pour faciliter l'entrée des étudiants sur le marché du travail.

La fonction publique est aussi un employeur de choix pendant la période estivale. On se rend sur le site du Secrétariat du Conseil du trésor pour en savoir davantage sur les types d'emploi offerts au sein des différents ministères québécois. Du côté du fédéral, on embauche en moyenne 7000 étudiants pendant l'été dans des domaines aussi variés que l'administration, l'agriculture, les communications, l'application de la loi, les finances ou les technologies de l'information.

Quelques chiffres pour Placement en ligne d'Emploi Québec*

45 727: candidatures étudiantes publiées

39 080: postes vacants d'offres étudiantes

6433: employeurs distincts qui ont publié une offre d'emploi étudiante via Placement en ligne

* Pour l'ensemble de la province, du 1er avril 2016 au 31 mars 2017

Photo capture d'écran