«Blush bonne mine» pour les femmes, moustache «nette» pour les hommes: face aux critiques, y compris du gouvernement, la SNCF a décidé mercredi de «retravailler» son guide de conseils de présentation destiné aux agents qui porteront sa nouvelle tenue.

Le groupe ferroviaire a été taxé de «sexisme» par des syndicats et crée depuis 24 heures le buzz sur les réseaux sociaux avec son guide.

La secrétaire aux Droits des femmes, Pascale Boistard, a indiqué en milieu d'après-midi sur son compte Twitter avoir «demandé à la SNCF de retirer ce document», avec son collègue des Transports Alain Vidalies.

Moins de deux heures après, l'entreprise a annoncé dans un communiqué qu'elle suspendait la diffusion du guide controversé de 36 pages dont deux (une bleue, une rose) présentent des «astuces pour finir en beauté».

Pour les femmes, un «maquillage simple et soigné est fortement recommandé» et six produits «indispensables» conseillés, dont un «blush bonne mine» et «un rouge à lèvres discret».

Pour les hommes, les petits conseils vont de «bien porter la veste», en ne fermant pas le dernier bouton, à la «beauté des mains» à «hydrater régulièrement». La barbe, comme la moustache, est «tendance», mais doit rester «nette».

Côté parfum, la recommandation est la même pour les cheminots et cheminotes: «optez pour un déodorant et un parfum léger et subtil».

Au vu «de l'interprétation négative dont les médias se font l'écho, SNCF décide de retirer momentanément la diffusion de ce guide pour le travailler à nouveau avec les agents», a-t-elle indiqué.

Nouvelle tenue dévoilée jeudi

Les nouvelles tenues des 31 000 agents SNCF au contact de la clientèle (contrôleurs, agents en gare, d'accueil et aux guichets) doivent être révélées jeudi, avant d'être déployées sur l'ensemble du territoire d'ici janvier 2015. Elles sont confectionnées par la société bretonne Armor-Lux.

Le guide accompagnant ces tenues suscite «depuis 24 heures, des réactions diverses», constate à regret la SNCF. Son objectif était «d'aider les agents en leur apportant des conseils», «une marque de bienveillance et d'attentions», explique-t-elle.

Pour la CGT-cheminots, ce guide reflète des «pratiques sexistes et discriminatoires d'un autre temps, indignes d'une entreprise publique comme la SNCF qui a un devoir d'exemplarité».

Dans un communiqué à la mi-journée, le premier syndicat de la SNCF avait promis d'«interpeller le ministère des Droits des Femmes pour demander le retrait du label AFNOR que vient d'obtenir l'entreprise sur l'égalité professionnelle».

«Il s'agit bien là de sexisme», avait le premier réagi SUD-rail, appelant la SNCF à «prendre exemple sur le groupe Casino qui à travers un guide managérial entend déconstruire les stéréotypes et vaincre les préjugés sur l'apparence».

Selon le troisième syndicat, la compagnie «respecte la forme légale de l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, en rédigeant un rapport» chaque année «mais dans la réalité quotidienne une femme gagne mensuellement 150 euros de moins qu'un homme et les conductrices représentent 1,5% des conducteurs».

Les deux syndicats ont aussi dénoncé la distribution récente aux conductrices d'un «kit destiné à uriner debout».

«Ce guide n'est pas un règlement. Il donne des conseils comme le font toutes les entreprises de service en relation avec des clients», s'était défendu l'entreprise auprès de l'AFP dans la matinée.

Les agents «attendent d'être accompagnés», «ce guide est très attendu», avait souligné une porte-parole en précisant que 200 agents ont été consultés «dans une démarche participative» pour l'élaboration du nouveau vestiaire.