Un enfant canadien sur cinq vit aujourd'hui dans la pauvreté, ce qui place le Canada au 20e rang parmi les 41 pays considérés comme les plus riches du monde, écrit l'UNICEF dans un rapport intitulé «Les enfants de la récession» et qui fait le tour de la façon dont diverses nations se sont tirées des difficiles années 2008 à 2011.

Fait surprenant, pendant la récession de 2008 à 2011, le taux de pauvreté des enfants au Canada a reculé de deux points de pourcentage, passant de 23% à 21%. Pendant la même période, ce taux de pauvreté a augmenté de 3% en moyenne dans les 41 pays étudiés par l'UNICEF.

La moins bonne nouvelle pour le Canada - outre le fait que son taux de pauvreté le place au 20e rang sur 41 pays étudiés par l'UNICEF -, c'est que «pour les plus démunis du pays, les conditions se sont dégradées et les ont fait sombrer plus profondément sous le seuil de la pauvreté», relève David Morley, président et chef de la direction d'UNICEF Canada.

En fait, l'écart de pauvreté des enfants s'est creusé de deux points au Canada, les enfants autochtones et les enfants migrants s'en tirant encore plus mal qu'avant.

Une génération mise de côté

Le taux de chômage des jeunes Canadiens de 15 à 24 ans a augmenté pendant la récession, tout comme le nombre de jeunes aux études et en stage, «ce qui indique que les jeunes Canadiens font ce qu'ils peuvent pour avoir accès à l'emploi», peut-on lire dans le rapport. Au deuxième trimestre de 2014, comme le fait valoir l'OCDE dans le document Perspectives d'emploi, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans est plus de deux fois supérieur à celui des travailleurs de 25 ans et plus (13,4% comparativement à 5,9%).

Il reste que la situation des jeunes d'ici est nettement meilleure que dans les pays les plus touchés par la crise. En Grèce et en Espagne, par exemple, le chômage des jeunes a dépassé 50% en 2013.

Efforts particuliers

L'UNICEF salue certaines initiatives toutes particulières, comme celles de la Bulgarie, de la Lettonie, de la Pologne, de Malte et même de la Grèce qui, en pleine tourmente économique, à la mesure de leurs moyens, ont quand même augmenté les prestations pour enfants ou les congés parentaux.

Ce que la crise a signifié concrètement

Quand l'économie ne va pas, par quoi cela se traduit-il concrètement pour les enfants? Pour l'illustrer, l'UNICEF a pris le cas extrême de la Grèce, en citant une étude réalisée plus tôt cette année par l'organisation Health Behaviour in School-Aged Children (HBSC). Pour près du tiers des enfants grecs, la crise a entraîné plus de tensions familiales et la fin des voyages en famille.

Les recommandations

UNICEF Canada demande au gouvernement Harper de mettre en place une stratégie explicite qui ferait en sorte que les enfants soient les premiers à bénéficier de la relance et les derniers à subir les compressions budgétaires. UNICEF Canada propose aussi la mise en place d'un fonds de réserve qui prévoirait entre autres des suppléments temporaires de la prestation pour enfants.

De façon générale, l'UNICEF demande à l'ensemble des États d'«envisager de définir des lignes rouges» qui, «si elles étaient franchies, déclenchent automatiquement des interventions publiques».

«La pauvreté et le dénuement atteignent des niveaux d'urgence dans une demi-douzaine de pays et sont terriblement élevés dans beaucoup d'autres. Les gouvernements doivent investir pour éliminer la pauvreté extrême», en garantissant notamment des revenus de base aux familles.