Madonna s'en est entichée. Dernière boisson à la mode, l'eau de coco pourrait arrondir les maigres revenus de paysans des Philippines, où ce fruit est abondant, mais l'acheminement des fermes aux usines d'embouteillage reste problématique pour ce liquide qui tourne vite.

Les chanteuses Madonna et Rihanna, la vedette du baseball Alex Rodriguez, la mannequin Gisele Bündchen et le joueur de basket Kevin Garnett s'affichent avec un petit carton ou une bouteille de cette boisson, parée de toutes les vertus.

Aux Philippines, premier exportateur mondial de produits à base de noix de coco (dont l'huile notamment), les fermiers laissent cette eau couler des noix lorsqu'ils en récupèrent la chair.

«Ça tourne en quelques jours à peine, je ne vois pas qui voudrait payer pour en boire», déclare Liezl Balmadeda, 33 ans et femme de fermier, qui n'a jamais entendu parler de Madonna.

À ne pas confondre avec le lait de coco, l'eau de coco est extraite des noix encore vertes. En Occident, certaines publicités la vantent comme une boisson désaltérante meilleure pour la ligne que les sodas, voire la parent de vertus drainantes, amincissantes ou isotoniques.

Les exportations d'eau de coco philippine ont été multipliées par huit de 2010 à 2011, à 16,76 millions de litres, et par 30 depuis 2009.

Leur montant a atteint 11,19 millions de dollars sur les six premiers mois 2012, selon les derniers chiffres disponibles communiqués par Euclides Forbes, président de l'agence philippine de la noix de coco.

Un chiffre qui reste minime comparé aux 153 millions USD rapportés par la totalité des exportations de produits de noix de coco, sur le premier semestre 2012.

Mais cette niche ne demande qu'à croître, grâce à l'engouement dont bénéficie cette boisson, notamment aux États-Unis. Pour le moment, le Brésil est le premier exportateur d'eau de coco, car parti le premier, selon Euclides Forbes.

«Ce qui s'est passé, c'est que ce qui était considéré comme un déchet s'est transformé en or», souligne M. Forbes. «Le paradoxe, c'est que même si les ventes s'envolent, 90% de l'eau de coco (aux Philippines) n'est toujours pas récupérée».

La matière première ne fait pourtant pas défaut, grâce aux 350 millions de cocotiers qui poussent sur l'archipel, et aux 15 milliards de noix récoltées tous les ans.

Si ses vertus pour la santé sont encore controversées, le secrétaire à l'Agriculture, Proceso Alacala, estime que cette eau a le potentiel d'améliorer le quotidien des cultivateurs de coco, qui comptent parmi les agriculteurs les plus pauvres des Philippines.

Une semaine de récolte et de séchage de cinq tonnes de pulpe de noix de coco ne rapporte que 3.000 pesos (70$ environ) à la famille de Liezl Balmaceda.

L'eau de coco est «un bon moyen d'accroître leurs revenus», souligne le secrétaire à l'Agriculture. «La demande est énorme. Le seul problème est l'acheminement du liquide vers les usines de transformation et d'embouteillage avant qu'il ne tourne. Les fermes de coco sont souvent dans des zones montagneuses, dépourvues de bonnes routes».

Actuellement, sept entreprises se partagent le gros du marché des exportations d'eau de coco, à destination principalement des marques américaines. Fruits of Life exporte lui sous sa propre marque depuis 2006 et expédie désormais vers les supermarchés d'Amérique du Nord 240 tonnes de boissons par an, en cannette ou en carton.

L'eau de coco est consommée dans les pays tropicaux où l'accès à une eau salubre n'est pas toujours garanti. Quant à ses bienfaits supposés pour les consommateurs des pays riches, les nutritionnistes sont plus réservés, estimant que ce liquide était avant tout de l'eau, avec un peu de potassium.